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375 Avant d'user les meilleures années de sa vie au château du Spielberg, Pellico s'était fait connaître en Italie par sa Fran- çoise de Rimini, tragédie qu'avait inspirée le plus bel épisode de Dante, sans excepter le sombre drame des enfants d'Ugo- lino. D'autres œuvres dramatiques avaient ajouté depuis à cette première gloire si fraîche et si pure, mais c'est aux Prisons et aux Devoirs que Pellico est redevable de sa popularité euro- péenne. Cependant, fidèle au souvenir de la muse qui souriait à sa jeunesse , il composa , même dans les cachots , des vers qu'il ne pouvait confier au papier. Les habitudes lyriques ne s'en vont pas si vile de l'ame , et lorsque , en se frappant le front, celui qui fut sacré poète s'aperçoit, comme Chénier, qu'î7y a là quelque c/tose, il faut bien que l'ame épanche ses ri- chesses et queles ilols d'harmonie s'échappent tôt ou tard. Ainsi de Pellico. Voilà donc l'origine de ses deux volumes de Poésies inédites. « La plus grande partie des vers que je p u b l i e , dit l'auteur, « se rapporte principalement à mes vicissitudes , à mes dou- te leurs , à mes espérances , aux consolations qui me sont « venues de la foi. » Mais , en révélant de la sorte l'intérieur de son ame , il met toujours au commencement de toutes cho- ses le nom de Dieu. Souvenirs de la patrie embellis par l'ho- rizon de ses douces collines, oh ! dolci colli, de ses plaines riantes et de ses eaux pures ; joies naïves et tristesses de l'en- fance ; pensées de gloire et d'éclat, poétiques et suaves amours de jeune homme : voilà ce qui occupe une grande place dans deux ou trois pièces de ce recueil. Il y a telle autre pièce qui nous permettra de rassembler les trames de cette vie tant de fois brisée , mais ce ne seront que les plus saisissables à l'œil. Une ode sur les églises, le Chiese, s'annonce par ces beaux vers : « Oh! douces maisons de p r i è r e , de vérité, de consolation , « de sublimes pensées, oh ! maisons de Dieu ! —Dès mes plus « tendres années , j'avais coutume de tourner vers vous mes « regards avec une respectueuse tendresse, comme vers l'asile « qu'un enfant malade trouve dans la demeure d'un excellent