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31C de peines et de récompenses, graduées de manière à satisfaire la justice et à mettre en jeu le ressort de l'émulation. Mais il n'en est pas de même du silence absolu et de l'in- troduction des corporations religieuses. Tous les partisans de la réforme, dit l'auteur du rapport, sont contagionistes: tous la veulent par l'isolement; mais les uns veulent l'isolement par le confinement solitaire, les autres par le silence absolu.—Et il se prononce pour ce dernier moyen. —Il est à craindre que le règne du silence absolu, impossible à faire observer d'une manière assez complète, ne produise des fruits précisément contraires à ceux qu'on en attend. La nature de l'homme, toute communicative, est en opposition trop di- recte avec cette règle pour que les prisonniers, cruellement privés par elle d'un besoin indispensable, ne cherchent pas à s'en affranchir de temps à autre par tous les moyens possi- bles : les signes, les correspondances secrètes et les mille ruses que le besoin de reconquérir un peu de sa liberté sug- gère toujours à l'imagination infatigable des prisonniers ; — ces conversations seront d'autant plus dangereuses qu'elles seront le fruit d'une infraction à la règle et devront échapper à toute surveillance.—Le confinement absolu, d'un autre côté, est une cruauté inutile qui lue le condamné ou égare sa raison. Entièrement abandonné à lui-même, il cède forcément à l'é- nergie de ses passions ou à la faiblesse de son caractère; livrés sans partage à l'une ou à l'autre, ses organes se sont bien vite usés, ou dans les accès d'une fureur sauvage, ou dans ceux d'un sombre désespoir.—Quand la société punit, ce n'est pas pour se venger, car elle ne saurait avoir ni haine ni colère, mais pour rétablir l'ordre troublé. M. Bonnardetl'a dit, le coupable doit être traité comme un malade auquel il faut imposer des souffrances, mais seulement celles qui sont indispensables pour le guérir. Il nous semble qu'on aurait pu emprunter à ces deux opi- nions , former un système mixte plus en harmonie avec les penchants de la nature et les exigences de l'humanité. N'au-