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314 le mal. Tant que l'homme a été debout, on n'a pas prévu qu'il pouvait faillir. Il a fallu bien des infortunes pour faire naître la charité, bien des crimes pour produire la répression, et cela devait être ! C'est la marche naturelle de l'esprit humain ; l'ex- périence est son plus fécond enseignement. En examinant sous ce point de vue les travaux auxquels se livrent, depuis plusieurs années, des esprits éclairés et cons- ciencieux pour la réforme des prisons, il nous est impossible de ne pas faire remarquer le peu de logique qui préside ac- tuellement aux essais de réforme. Certes, il y a au milieu du cahos d'idées et de systèmes qui nous ont envahi assez de savoir et de sentiments généreux pour produire de grandes et bonnes choses. La bonne volonté y est, mais la direction man- que. Chacun suil, dans la voie où il s'est lancé, l'impulsion de ses préjugés et de ses passions politiques. Des forces immenses, de précieux sacrifices se consument au milieu de ce désordre pour ne produire que des résultats souvent fâcheux et presque toujours insuffisants. Aussi, pour appliquer ces observations générales aux améliorations tentées sur les prisons, n'est-il pas incontestable que tous les moyens employés pour guérir chez les condamnés la corruption du cœur, et essayer de r e n - dre à la société des hommes qui, le plus souvent, n'ont été qu'égarés, resteront inefficaces tant que les dispositions du Code ne seront pas en harmonie avec ces mêmes moyens et n'auront pas été rectifiées sous l'inspiration de celte équitable pensée. Ne paraît-il pas peu raisonnable de procéder à la r é - forme des prisons avant d'avoir rien fait pour celle de notre société dont la mauvaise organisation est la première cause du plus grand nombre des crimes.—L'homme déchu, frappé par les tribunaux, est mieux traité par nous que celui qui n'a pas encore failli. L'enfant du peuple, abandonné, s'avance au hasard, sans guide, au milieu des pièges et des séductions de tous genres.—Le malheureux qu'un revers subit vient de frap- p e r , ne trouve presque jamais, pour toute ressource, que des aumônes qui le dégradent sans le relever, et ce n'est que lors-