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308 le jury d'examen dans la session d'août, et quoique son in- disposition s'aggravât, il assista à toutes nos séances. Nous espérions que les vacances rétabliraient sa santé. Pour être plus tranquille, il laissa la direction de l'Ecole à son con- frère, M. Rainard, qui s'en chargea avec plaisir , et alla passer quelques jours à la campagne chez une belle-sœur , dont la famille était pour lui une seconde famille. Il voulut qu'on ne lui donnât aucun soin, ni prendre aucune précaution pour sa santé, et il en revint peu de temps a p r è s , plus malade que lors de son départ. Il eut recours à la médecine, suivit un traitement, et son état s'améliora. Vers les premiers jours d'octobre, nous comptions sur son rétablissement, lorsque tout-à -coup son mal fit de rapides progrès. Malgré le savoir et la grande expérience d'habiles médecins q u i , avec tout le zèle que peut inspirer une vieille amitié, lui prodiguèrent les secours de leur a r t ; malgré les soins les mieux entendus et les plus affectueux d'une, famille qui le chérissait et dont il était l'unique soutien , il perdit connaissance le 7 octobre, à six heures du matin, et il rendit son dernier soupir le même jour à sept heures du soir. Il ne s'occupa jamais de son état ; il compta toujours sur son rétablissement. Il n'avait des inquiétudes que pour le sort de la fille , et cependant il était loin de penser que cette fille,brillante de jeunesse et de santé , qui lui avait toujours donné tant de satisfaction et lui avait valu de si honorables félicitations ; qui consacrait au soulagement du pauvre et à l'avenir de l'orphelin un âge que nous passons tous dans les amusements et les frivolités ; qui, avec une bonté et une dou- ceur que rien ne pouvait troubler, savait si bien embellir ses vieux jours et dissiper ses moments d'humeur, comme si elle n'avait été créée que pour l u i , deviendrait malade aus- sitôt qu'il n'aurait plus besoin d'elle sur cette terre , et qu'à peine , il serait depuis huit jours dans le sein de l'éternité, elle quitterait une mère éplorée pour aller se réunir à lui pour toujours. J. H. MAGNE.