page suivante »
227 Lorsque Maléchard donnait tous ses soins à ces préparatifs de dé- fense , on eût dit qu'il prévoyait devoir être attaqué bientôt avec vi- gueur parles Arabes, et avoir à jouer lui-même l'un des principaux rôles dans cette affaire. C'est là que l'armée attendait le duc de Nemours. Les princes ont leur place marquée à la tête des armées dont ils doivent partager la gloire et les périls. S'ils font défaut à cette mission , malheur à eux ! malheur au trône ! En attendant S. A. R., dont on annonçait le prochain débarque- ment, le lieutenant-général gouverneur s'occupait de pourvoira tous les besoins de l'armée. Objet do nécessité première, l'eau ne se trou- vant pas à M'jez-Ammar en quantité suffisante, il fallut, pour s'en procurer, pousser une reconnaissance au milieu même des troupes d'Achmet, assez peu éloigné ; et cela pouvait devenir une affaire sé- rieuse. Le gouverneur partit donc lui-même le 12 septembre, accom- pagné de trois à quatre mille hommes et de huit pièces d'artillerie, commandées parle chef d'escadron Maléchard. Ils franchirent d'abord, sans autres difficultés que celles du terrain, la haute chaîne do montagnes aux pieds desquelles ils étaient campés ; et, de leurs sommets, ils virent des nuées d'Arabes qui garnissaient toutes les crêtes voisines. S'étant, après quelques instants de repos , remis en marche sur la route de Constantine , ils furent attaqués par des corps d'Arabes qui, recouverts de leurs longs bournous, paraissaient des légions do fantômes ; mais qui n'empêchèrent point que nos sol- dats continuassent à cheminer toute la journée, pendant que l'artil- lerie , balayant l'ennemi, le forçait de se tenir à distance. A cinq heures du soir on arriva sur les bords d'une petite rivière nommée Oued-Zenati, dont l'oau est saine et abondante. Le but de l'er.pédi- tion était atteint, on prit position sur les lieux même ; le couefeer du soleil ayant, comme de coutume, entièrement dispersé les Arabes, l'armée , dont les dommages consistaient en deux hommes blessés, put passer la nuit sans inquiétude , et le lendemain, à la pointe du jour, elle rebroussa chemin pour retourner au camp. Inhabiles à reconnaître les motifs de nos mouvements et à en com- prendre le but, les indigènes, qui avaient cru d'abord que nous nous portions sur Constantine, prirent notre marche rétrograde pour une