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qu'avaient répudiée tous les Bourbons, et que de braves
Français relevaient au milieu des déserts, d'où elle devait
encore porter l'épouvante dans le cœur des tyrans euro-
péens.
    A considérer l'aspect général de la contrée choisie, on
avait raison de fonder les plus grandes espérances sur
l'avenir de la colonie. Les avantages que la nature fournit
aux Deux Mondes s'y rencontraient. La couche très-
épaisse d'humus qui recouvrait le sol assurait aux cultiva-
teurs une extrême fertilité. D'excellents pâturages étaient
tout établis ; des forêts, dans la majesteuse magnificence
de leur beauté primitive, fourmillaient des espèces d'arbres
les plus variées, les plus utiles, les plus ravissantes à
voir, en même temps qu'elles exhalaient de leurs massifs
des parfums délicieux. Le palmier, le cèdre, le pin, l'ébé-
nier, le chêne, le liard, étaient là prêts à servir aux mille
et mille besoins de la vie, à devenir ponts ou meubles,
navires ou maisons. Si le tulipifère magnolier, qui élève
jusqu'à cent pieds de haut sa tête couverte de riches fleurs,
le disputait en beauté à une multitude d'autres arbres
tous étrangers à notre Europe, le colon trouvait confondu
 à l'entour le cotonier, l'érable à sucre, le cirier, l'arbre
à huile, le cacaotier, mêlant eux-mêmes leurs branches à
 celles de tous les arbres à fruits que nous cultivons; et
 la vigne sauvage, apparaissant de toutes parts, grimpait,
 se tordait autour de ces géants, courait gracieusement de
 l'un à l'autre, complétant ainsi l'ensemble pittoresque et
 émerveillant de cette végétation grandiose, infinie et pour-
 tant spontanée. Plusieurs lacs à la face coquette et miroi-
 tante jetaient dans les vents d'été une salutaire fraîcheur
 et nourrissaient des myriades de poissons. Enfin, de gran-
 des et de petites rivières aux eaux, là rouges et limoneuses^