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pauvre père surtout! ah! qu'il devait souffrir, lui aussi,
le vieux soldat !
    Je n'avais pas mis la centième partie du temps que j'ai
pris à vous dire ce tableau, pour me mettre en besogne.
   Je fis éloigner un peu le père, et fis signe aux gens de
la maison d'emmener la jeune demoiselle; il y eut à cet
instant une prière si ardente dans son regard que je fus
obligé de la laisser là, malgré moi.
    Enfin après avoir bien palpé, exploré, sondé cette
blessure dont l'aspect était si terrible, je pus m'assurer
qu'il y avait encore de puissants et abondants symptômes
de vie ; le pauvre garçon, au lieu de se placer le bout du
pistolet dans la bouche, en le dirigeant de bas en haut,
vers la région cérébrale, et suivant k s vrais principes du
suicide; en véritable novice, au lieu d'agir ainsi, il se
l'était simplement appliqué entre les deux sourcils, et
encore, sans calculer que l'angle formé par le tube et la
surface du crâne était obtus; et puis aussi, ajoutez à cela,
ce coup parti d'une main peu exercée et un peu émue,
 sans doute. Enfin, la balle avait glissé en remontant
le long du front, elle s'était attachée à cette surface
 courbe et avait tracé un sillon qui allait s'élargissant
jusqu'au sommet du front et assez avant dans le cuir
 chevelu ; la face était noire, brûlée, la chair en lambeaux;
des grains de poudre en grande quantité avaient été
 chassés dans la peau, encore entiers et non enflammés;
 les yeux étaient horriblement gonflés; je les jugeais
 perdus.
    Il me fallut un temps assez long pour laver et raser
 cette tête, et poser enfin un appareil à bandages com-
 pliqués sur cette épouvantable blessure.
     Le suicidé était toujours sans connaissance ; j'avais