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Le peuple comprenait si bien que son sort était lié à celui
de la royauté qu'il s'identifiait de cœur et d'ame à toutes ses
phases de fortune. Aussi peut-on dire qu'au moment où, les
cérémonies religieuses terminées, les jeux commencèrent à
la fois sur tous les points de la ville, il n'y eut pas un habitant,
pas un seul qui ne prit part à la joie commune et que du
milieu de cette foule immense, il ne sortit pas un murmure,
pas un signe de mécontentement.
   Pour l'intelligence de ce qui va suivre, il est bon de dire
que Lyon avait^ au XVI siècle, une physionomie qui lui était
particulière et qu'on aurait rarement retrouvée dans une autre
vilie du royaume. Grâce à la constante protection des rois
de France, son commerce s'était considérablement étendu :
les franchises dont elle jouissait y avaient attiré beaucoup
d'étrangers, surtout des Italiens, et en avaient fait un centre
de richesses. Sa population n'était pas fractionnée comme
aujourd'hui, ni divisée par des rivalités d'intérêts indivi-
duels ; elle se composait de grandes corporations, ou corps
de métiers, chacune, prospérant a l'abri de sages institutions,
se réunissant dans les jours de deuil, comme dans les jours
de fête, soit pour se soutenir mutuellement de leur crédit,
soit pour rivaliser de luxe et de générosité.
   Donc le dimanche, 10 juillet, les imprimeurs, les marchands
de soie, les drapiers, les marchands des rues Mercière,
Lanterne, e t c . , avaient fait assaut de patriotisme pour con-
tribuer diguement à l'éclat de la fête.
   Le voyageur qui serait entré ce jour là dans Lyon eut été
étrangement frappé des merveilles qu'il aurait rencontrées
sur ses pas. Outre des pièces de théâtre qu'on représentait
aux Augustins et en divers autres lieux, les rues offraient
des spectacles non moins capables d'attirer l'attention.
« Entre jeux de toutes façons, dit Paradin, un nombre de
Mores menaient par artifice et subtiles feintes un navire dans
lequel étaient trois personnages vêtus de trois cottes d'armes,
une aux armes de France, l'autre ayant l'aigle impérial, la