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69 Voltaire, qui connaissait si bien la recette du compliment goguenard, écrivait à Brossette : « Je sais que vous êtes en Correspondance avec Rousseau , mon e n n e m i , mais vous res- semblez à Pomponius Atticus, qui était courtisé à la fois par César et par Pompée (1). » Il y aurait eu de quoi faire tourner la tête au commentateur de Despréaux, s i , en celle occasion, Voltaire, sans le savoir assurément, n'eût éié le plagiaire de Boileau , q u i , à propos de fromages à lui en- voyés par Brossette , lui écrivait : « En comblant ainsi de vos dons l'auteur que vous avez entrepris de Commenter, vous ne jouez pas simplement le personnage de Servius et d'Asconius Pédianus, mais de Mécénas et dit cardinal de Richelieu (2). » Cizeron Rival a publié les Lettres familières de MM. Boileau Despreaux et Brossette; voici ce que M. du Rozoir, dans l'ar- ticle déjà cité, écrit au sujetde la correspondance de ces deux littérateurs. « ..... Célèbre en E u r o p e , admiré en F r a n c e , mais consumé d'infirmités et d'ennuis, survivant à tous ses a m i s , Boileau s'apercevait à peine de son influence et de sa gloire. L'homme qui s'intéressait le plus à lui , dans ces tristes t e m p s , c'était Brossette, mais Brossette demeurait à cent lieues de Paris, et il y avait bien d'autres dislances en- tre ces deux hommes. Aussi leur correspondance n'est-elle pas celle de la véritable amitié. Le ton de Boileau est celui d'un maître ordinairement b o n , quelquefois chagrin; et Brossette, trop peu fait pour être son disciple, n'est qu'un éditeur futur, qui lui prend avec respect la mesure d'un commentaire. En lisant leur correspondance, on y v o i t , se- lon moi, moins bien que cela encore ; on y voit un valet de chambre bénévole qui importune son maître d'adoption des plus humbles prévenances; qui s'immisce officieusement dans ses moindres affaires ; q u i , sans être r e q u i s , fait ses corn- (1) Lettres de Rousseau, t. w, p. 256. (2) Œuvres de Boileau, t. iv, p.