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81 Cet ouvrage était attendu depuis long temps et avec trop d'impatience pour ne pas être bien accueilli; le succès n'en fut point équivoque, et les louanges que lui prodiguèrent les plus habiles littérateurs dédommagèrent amplement Brossette de celles que lui refusaient Desfontaines et L e n - glet du Fresnoy. Ce dernier surtout, qui lui en voulait par rapport à sa liaison avec Rousseau dont il était ennemi' s e déchaîna avec animosilé, et donna m ê m e , en 1 7 3 8 , une nouvelle édition des œuvres de Régnier (1), qui devait être dédiée à Rousseau, par une épître satirique sous le nom de Brossette. Mais le poète ayant été informé de ce projet par l'abbé de Vayrac, qui était alors dans les Pays-Bas, mit tout en œuvre pour faire supprimer l'épi Ire ; il employa le Crédit du comte de Sintzindorf, alors ambassadeur de Charr- ies YI, en Hollande. L'épître ne parut donc pas dans l'édition de Régnier ; elle ne fut pas perdue pour cela, car l'abbé Len- glet, jaloux de conserver ce monument de sa c o l è r e , l'inséra à la fin tome I er de son livre : De l'usage des Romans. En 1822, M. Viollet Le Duc publia les Œuvres de Ma- tharin Régnier, etc.; P a r i s , Desoer, in-18,édilion elzévirienne. Les notes sont celles de Brossette, auxquelles l'éditeur a fait des changements très-légers, quelques retranchements et un fort petit nombre d'additions. On ne pouvait mieux faire que de réimprimer ce commentaire, qui a mérité les suf- frages des gens de l e t t r e s ; mais pourquoi, en le reprodui- s a n t , n'a-t-on pas inscrit le nom de Brossette sur le frontispice ? C'est Un reproche que nous, qui sommes de notre pays, pouvons bien faire à M. Viollet Le Duc. Cuique suum. Il faut que chacun recueille la gloire et l'honneur qui lui re- viennent (2). (1) Sous le titre : Les Œuvres du poète Régnier, avec quelques nouvelles noies et des poésies qui n'étaient pas dans les anciennes éditions; Amsterdam) 1735, in-4<\ (2)Breghol du Lut, Mélanges, t. il, p. 79.—Archives du Rhône, t. TIII, p. 152. 6