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    « . . . Je suis ravi de l'académie qui se forme en votre
 ville, écrivait Boileau, le 2 juin 1700. Elle n'aura pas grand'
 peine à surpasser en mérite celle de Paris , qui n'est mainte-
 nant composée, à deux ou trois hommes près , que de gens
 du plus vulgaire mérite , et qui ne sont grands que dans leur
 propre imagination             Si, dans la vôtre, il y a plusieurs
 gens de voire force, je suis persuadé que, dans peu, ce sera
à l'académie de Lyon qu'on appellera des jugements de l'aca-
démie de Paris (1). . . »
   Ce pauvre Boileau faisait de la satire, ou n'y regardait pas
de bien près, car l'Académie de Paris possédait alors Bossuet,
Fénélon , Fléchier, Huet, Thomas Corneille \ Dacier, Fonte-
nelle, Fleury, etc., et d'autres hommes de ce vulgaire
mérite.
   La même année, Brossette entretenait Boileau de tout autre
chose que de littérature. Il lui envoyait un imprimé sur la
troisième loterie du grand hôpital de notre ville. « . . . . C'est
cette maison qui, l'année passée, s'avisa la première de faire de
ces sortes de loteries qu'on a imité presque partout depuis ce
temps-là. Au cas que vous ayez intention d'essayer ici ce que
vous peut produire votre bonne étoile , vous pouvez être
bien assuré de la fidélité de cette loterie         (2). »
   Boileau ne se souciait pas de l'invitation , il répondait :
« Qu'ayant mis à plus de cent loteries , et n'ayant jamais eu
aucun billet approchant du noir, il n'était plus d'humeur à
acheter de petits morceaux de papier blanc , un louis d'or la
pièce (3). »— « Si vous jugez néanmoins, ajoutait-il dans une
autre lettre, qu'on souhaite fort à Lyon que je mette à cette
loterie, je suis trop obligé à votre ville pour lui refuser cette
satisfaction, et vous pouvez y mettre quatre ou cinq pistoles
pour moi, que je vous rendrai parla première voie que vous

  [ï] Œuvres de Boileau, t. iv, p. 358.
  (2) Cizeron-Rival, t. n , p. 77.
  (5) Å’uvres, t. iv, p. 360.