Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                               452
lettre du présent mois vous a été r e n d u e , vous aurez vu que
nous étions en terme et à la veille d'estre Espagnols et Sa-
voyards ; d'autant que le gouvernement de notre ville estoit
ès-mains de personnes du tout affectionnées à leur parti ; et
vous dirai en peu de mots ce qui s'est p a s s é , sans répéter le
précédent.
   Le roy d'Espagne, depuis peu de t e m p s , a confirmé plus
que jamais ses pratiques et intelligences avec le duc de
Mayenne, comme nous avons vu par ses lettres écrites à
Madrid, le 11 de janvier dernier, à ceux de sa faction en
cette Ville, par lesquelles il les assuroit d'hommes et d'ar-
gent ^ en exécution de quoy le duc de Terra-Nova , gouver-
neur de Milan, en même temps leur écrivit et les assura
d'une levée de gens de g u e r r e , et même de douze cents
suisses, par le commandement de son maistre, qu'il devoit,
avec d'autres forces, sous prétexte de secours contre le mar-
quis de Sorlin, frère de Monsieur de N e m o u r s , faire appro-
cher de cette ville, pour après les introduire et faire glisser
parmi n o u s , avec la faveur de ceux du party espagnol, et se
 rendre maître de Lyon.
   Sur ces termes quelques bons serviteurs du roy postposant
le danger de leurs personnes à la conservation de leur liberté,
et au témoignage qu'ils désiroient rendre de leur affection au
service du r o y , en une si grande nécessité et péril si évident
de voir leur ville tomber en la domination et tyrannie de
l'estranger , du consentement de quatre Echevins, aussi ser-
viteurs du Roy , le cinquième de ce mois (1), à huit heures du
soir, se résolurent de prendre les armes pour remettre la
ville en l'obéissance de Sa Majesté, et pour favoriser l'exé-
cution d'une si belle et si glorieuse entreprise, en aver-
tirent M. le colonel Alphonse d'Ornano, de l'amitié et du
 secours duquel ils avoient toute assurance , à quoy il ne
 manqua nullement, et se rendit en toute diligence au fau-


   (1) Février 1594,