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Les fruits les plus vermeils cachent des sucs perfides :
Que de fois sont éclos de fronts purs et candides
          Des crimes inouis !

L'amour et l'amitié, chastes élans des âmes,
Prêtent leurs voiles saints aux mensonges infâmes,
          Aux lâches trahisons :
Combien souffrent en eux des maux inconsolables
Qui rêvaient en aimant des douceurs ineffables
          Pour toutes les saisons!....

Mais l'hiver, si voisin du seuil de l'existence,
Après un court printemps, apporte l'inconstance,
          Les neiges de l'oubli ;
Et le cœur garde un nom, souvenir dotfx et triste
Dont la trace profonde et sanglante subsiste
          En son dernier repli....

Alors, pour quelques-uns une lueur étrange
Illumine le ciel : un radieux archange
          Leur ouvre une aîle d'or.
A l'ombre de la croix, qu'un divin sang inonde,
Ces âmes, pauvres fleurs, peuvent loin de ce monde
          S'épanouir encor.

Que je voudrais ainsi, muni de la foi sainte,
Vider, les yeux vers Dieu, le calice d'absinthe !
          Mais je suis mon chemin
En digne enfant du siècle : ignorant la prière,
Et craignant de rentrer dans l'humaine poussière
           Sans croire au lendemain.
  30 mars 1838.                        H. de CH.