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349 de réflexion et de paix ? Les Juifs de Lyon ont-ils rendu à leur culte l'éclat qu'il était en leur pouvoir de lui donner? Ont- ils travaillé à relever dans l'opinion publique leur croyance attaquée ? ont-ils fait acte de judaïsme enfin , en réclamant pour leur temple la majesté qu'il a perdue ? Rien de tout cela n'a été produit. La synagogue se meurt dans l'abandon et la détresse ; nous l'avons vue logée sur une cour, à un deuxième étage ; elle respire le malaise et la gêne. Par qui du moins est-elle desservie ? par un rabbin sans doute? Non, non, par un ministre , un simple ministre obscur et inconnu, n'ayant peut-être aucun des caractères d'un sacerdoce avoué. Et cependant Lyon n'est-il donc plus la capitale du Midi, le siège antique de la splendeur juive , la ville du commerce et de l'opulence, et plusieurs Israélites ne sont-ils pas admis à participer aux largesses de cette opulence? Depuis Î 8 3 0 , n e pouvaient-ils pas réclamer un hôtel pour abriter leur culte? Leurs trésors, au b e s o i n , ne pouvaient-ils pas s'ouvrir pour cette œuvre grande et généreuse? et s'ils ne l'ont pas fait, si les Juifs sont restés dans celte apathique indolence en face de la représentation avilie de leurs mystères , quelle en est la cause ? Ne la cherchez pas ailleurs que dans la démorali- sation et le découragement de ce peuple. O u i , je le r é p è t e , leur foi s'en va : quelques bonnes et vieilles âmes réchauf- fent encore en elles des rêves d'avenir pour le judaïsme et ses lois ; quelques pratiques religieuses restent encore comme de vieux souvenirs, comme une impulsion de l'habitude, mais le corps de la nation , dans ses rangs opulents et éclai- rés surtout, s'éloigne à grands pas de l'institution devenue cadavre ; il fait ce qu'il peut pour s'élancer au dehors des ruines qui entravent sa marche ; il a cru pendant trop de siècles vainement, il ne veut plus a t t e n d r e , et puise dans nos mœurs tout le bien qu'il y rencontre. La connaissance de la langue hébraïque elle-même se perd tous les jours dans Lyon ; les préjugés s'effacent. La plus grande bienveillance m'acceuillit, m o i , étranger, dans la