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de réflexion et de paix ? Les Juifs de Lyon ont-ils rendu à
leur culte l'éclat qu'il était en leur pouvoir de lui donner? Ont-
ils travaillé à relever dans l'opinion publique leur croyance
attaquée ? ont-ils fait acte de judaïsme enfin , en réclamant
pour leur temple la majesté qu'il a perdue ? Rien de tout
cela n'a été produit. La synagogue se meurt dans l'abandon
et la détresse ; nous l'avons vue logée sur une cour, à un
deuxième étage ; elle respire le malaise et la gêne. Par qui
du moins est-elle desservie ? par un rabbin sans doute? Non,
non, par un ministre , un simple ministre obscur et inconnu,
n'ayant peut-être aucun des caractères d'un sacerdoce avoué.
Et cependant Lyon n'est-il donc plus la capitale du Midi, le
siège antique de la splendeur juive , la ville du commerce
et de l'opulence, et plusieurs Israélites ne sont-ils pas admis
à participer aux largesses de cette opulence? Depuis Î 8 3 0 , n e
pouvaient-ils pas réclamer un hôtel pour abriter leur culte?
Leurs trésors, au b e s o i n , ne pouvaient-ils pas s'ouvrir pour
cette œuvre grande et généreuse? et s'ils ne l'ont pas fait,
si les Juifs sont restés dans celte apathique indolence en face
de la représentation avilie de leurs mystères , quelle en est
la cause ? Ne la cherchez pas ailleurs que dans la démorali-
sation et le découragement de ce peuple. O u i , je le r é p è t e ,
leur foi s'en va : quelques bonnes et vieilles âmes réchauf-
fent encore en elles des rêves d'avenir pour le judaïsme et
ses lois ; quelques pratiques religieuses restent encore comme
de vieux souvenirs, comme une impulsion de l'habitude,
mais le corps de la nation , dans ses rangs opulents et éclai-
rés surtout, s'éloigne à grands pas de l'institution devenue
cadavre ; il fait ce qu'il peut pour s'élancer au dehors des
ruines qui entravent sa marche ; il a cru pendant trop de
siècles vainement, il ne veut plus a t t e n d r e , et puise dans
nos mœurs tout le bien qu'il y rencontre.
  La connaissance de la langue hébraïque elle-même se perd
tous les jours dans Lyon ; les préjugés s'effacent. La plus
grande bienveillance m'acceuillit, m o i , étranger, dans la