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286 seule fut épargnée, parce que, disait-il, comme ce signe de rédemption n'avait pas de figure humaine, il ne pouvait entraîner les fidèles dans l'idolâtrie. Agobard soutint encore en chaire et par écrit qu'un bon chrétien doit réduire toutes les images en poudre, comme le roi Ezéchias pulvérisa le serpent d'airain, puisque les unes ne sont pas moins que l'autre une occasion de basses superstitions et d'insultes à la Divinité. Une autre fois, le prélat de Lyon voulait ramener le culte à la simplicité évangélique, et la violence de son caractère perça trop souvent dans les raisons qu'il fit valoir pour mo- tiver sa réforme. Cette modification a du reste rencontré des critiques; mais Agobard, pressé par l'esprit de controverse, expose dans sa réponse un système de cérémonies opposé à celui des autres cathédrales. Non-seulement les hymnes furent proscrites, et le chant réduit à une psalmodie grave, triste et monotone , condamnée par Amularius , comme propre tout au plus aux enterrements des chanoines, et nullement faite pour élever l'ame des chrétiens vers leur Dieu ; mais encore Agobard ne voulut pas même permettre les homélies des saints Pères, et n'admit que la parole de Dieu, c'est-à -dire les saintes Ecritures (1). Le rigorisme déployé par notre archevêque dans tout ce qui concernait la conduite de son Eglise devait s'irriter da- vantage encore contre toutes les impiétés du dehors qui échap- paient à la puissance de réforme. Je ne me permettrai pas de porter un jugement sur cet homme, l'une des gloires de Lyon; niais, de tous les auteurs qui ont essayé de formuler leur opinion sur Agobard, le P. de Colonia me paraît avoir le mieux pénétré dans son esprit. Je cite ses paroles, en fai- sant toutefois observer qu'elles sortent de la bouche d'un membre de la Société de Jésus : « Agobard était un de ces hommes impétueux, de ces (1) Clerjon, 2e partie liv. six.