page suivante »
276 être gagnaient à la synagogue les esclaves élevés dans les pri- vations , et la religion du Christ se sentait débordée par les sectateurs de Moïse. Le clergé de France crut devoir s'opposer à cet envahis- sement. Agobard s'adjoignit d'autres prélats , et sa lettre fut accompagnée d'un Mémoire, dans lequel Bernard, arche- vêque d e v i e n n e , et Eaor ou Eaof, que l'on croit être le même que Favor ou F o v a , évèque de Chalon-sur-Saône, cor- roboraient les sentiments d'Agobard par la longue énumé- ration des doctrines constantes des pères de l'Eglise. Baluze pense que ces trois prélats écrivirent à Louis-le-Débonnaire ensuite d'un concile tenu à Lyon, l'an 8 2 9 , au nom de tous les évêques qui s'étaient trouvés à cette assemblée. Ce Mémoire est écrit contre les superstitions des Juifs ; je n'en dirai que peu de chose. Il y est écrit que, selon le Tal- m u d , D i e u est corporel, notre corps est fait à son i m a g e , seulement l'Eternel a les doigts raides et inflexibles , parce qu'il n'agit pas de la main; il a pensé des pensées vaines et superflues qui se sont changées en démons; que Dieu a sept trompettes, dont l'une a mille coudées ; qu'il y a eu plusieurs t e r r e s , plusieurs enfers et plusieurs cieux, l'un d'eux se nomme Araboth , l'Eternel y fait sa résidence sur un trône ; l'autre se nomme Racha, et le troisième Firmament. Celui- ci soutient les meules nécessaires pour préparer la manne des anges; que les lettres de l'alphabet sont éternelles, et les lois de Moïse écrites avant la création du monde ; que le bétail chrétien devait être regardé comme idolâtre, puisqu'il invoquait les saints. Au milieu des nombreuses fables répan- dues parmi les Juifs sur l'existence et la mission du Christ, je cite celle-ci : Tibère condamna Jésus à une prison perpé- tuelle , parce qu'il avait menti en lui prédisant que sa fille qui était vierge accoucherait, tandis qu'elle ne mit au monde qu'une pierre ; et comme il devenait évident que Jésus était magicien , on le condamna aux fourches ; puis on lui cassa la tête avec une pierre. Alors ses ennemis le confièrent à la