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227 sines se hâtèrent de répondre à l'appel que leur fit le nouveau préfet de secours pour la cité mère de la contrée, et le nombre des ouvriers fut immense. M. Pons se multipliait avec les n é - cessités. On le croyait dans son cabinet, l o r s q u e , à cheval, il parcourait les lignes de défense, retrempant les sentiments patriotiques et donnant une nouvelle vie au dévouement. Les ouvriers se croyaient heureux lorsqu'ils le voyaient; chacun d'eux lui adressait quelque expression affectueuse , et l'on eût dit un père au milieu de ses enfants. Quelquefois l'ardeur immodérée de son zèle l'entraînait un peu loin , et un jour, il eût été pris par un gros d'éclaireurs ennemi si son cheval ne l'eût tiré de ce mauvais pas. Les travaux gratuits qui furent faits à cette époque peu- vent être considérés comme une des choses les plus extraor- dinaires dont les fastes de la ville de Lyon fassent mention. M. Pons était l'ame de ces travaux. Le peuple se plaît aux sacrifices lorsqu'il a confiance dans l'autorité qui les lui de- mande pour l'intérêt réel du pays. On peut l'assurer sans crainte, ce sont les Lyonnais qui, dans ces mémorables cir- constances, ont le plus fait pour la cause nationale, et la France ne doit pas l'oublier. La Biographie des Hommes du jour rappelle honorablement le grave événement où, seul, tout seul, n'écoutant que Je cou- rage , sans lequel l'accomplissement de nos devoirs devient si difficile, M. Pons arrêta, au péril imminent de sa v i e , une foule immense q u i , exaspérée par les malheurs publics , se portait au-devant des prisonniers piémontais et les menaçait de tous les excès de son aveugle colère. Mais la Biographie n'a pu rendre les paroles fermes et généreuses qu'il pro- nonça en cette épineuse circonstance, et que M. Pons doit considérer comme les plus belles qui soient jamais sorties de sa bouche, puisque peut-être elles arrachèrent à une mort probable des infortunés que le sort des armes avait trahis. « Malheureux que vous ê t e s , dit-il, en s'adressant aux plus « exaltés, c'est un crime que l'on veut vous faire commettre,