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         A MONSIEUR Llï REDACTEUR DE l'Ali   611   PrOVUlCC.



           Monsieur ,

    Vous avez bien voulu vous occuper, l'an dernier, de ma
 brochure sur l'Exposition lyonnaise; permettez-moi, quoi-
 que un peu tardivement, de vous remercier du bien que vous
 en avez dit; je le fais avec un sentiment de reconnaissance
 d'aulanl plus v r a i , que ce travail, exécuté à la h â t e , m'a
 paru fort défectueux sur beaucoup de points. Les questions
 d'art ne sont point de celles qui peuvent se traiter en cou-
 rant , elles demandent plus de talent que je n'en ai et aussi
 plus de loisir.
   Vous m'avez accusé d'arislocralie, monsieur, et vous n'êtes
point le seul; le Censeur et le Courrier de Lyon se sont ré-
voltés, l'un en l'honneur de ses opinions démocratiques ,
l'autre comme représentant de cette bonne grosse bourgeoisie
lyonnaise, qui ne saurait souffrir qu'on lui conteste quelque
mérite que ce soit; et il faut bien que je passe condamnation,
puisque des opinions qui d'ordinaire se contredisent, tom-
bent d'accord sur ce point.
   Me voilà donc bien et dûment entaché d'aristocratie! Ce
reproche serait pour beaucoup une fort douce flatterie, ré-
pandant je ne sais quel parfum de bonne compagnie, de
richesse ou d'esprit, un chez soi moral et matériel, envié
peut-être de ceux qui le dénigrent, et dont je m'accommo-
derais sans trop de façons. Malheureusement on abuse étran-
gement des épilhètes dans notre admirable pays, et celui qui
n'est pas de l'avis de tout le monde risque fort de passer pour
aristocrate.
    Du r e s t e , vous avez, Monsieur, tant soit peu dénaturé
mes intentions, ou j'aurais bien mal exprimé ma pensée. Moi,
trouver mauvais que la bourgeoisie commerçante de la seconde
ville de France se permette de montrer du goût pour les beaux