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d'un mois , des cheveux flottanls à la mode du pays , entre-
mêlés de sciure de bois et d'épingles de sapin , s'échappaient
en désordre des replis d'un bonnet rouge en laine, et cou-
vraient leurs épaules; une ceinture de c o r d e , des culottes
courtes et de gros sabots de h ê t r e ; vrais Lazzaroni monta-
gnards, indolents pour la bonne besogne, actifs pour la mau-
vaise ; piteuse création d'homme et de costume.
   Le garde, comme on le raconte , était séparé de son arme.
Et eux ne quittaient pas leurs haches , ils parlaient bas. Le
 pauvre Jacques n'avait plus de souffle , plus de jambes pour
avancer _, ou pour fuir , poinl de voix pour crier. Et ce fut
bien pis une heure après.
   Dix heures sonnèrent à l'horloge de la maison, et tout à
coup , il aperçoit son père saisi, garollé, lié en croix , et com-
me un Christ étendu sur la table; et les brigands se prennent
à jouer aux cartes à qui lui tranchera la tête.
   Où trouver une agonie plus lente que celle de Jacques de-
vant cet infernal enjeu? Le père était pris devin. Il ne sentait
rien. Il était, on peut le dire , déjà bien avant dans l'autre
monde.
   — Ta hache a le fil, dit un de ces malheureux, je te la retiens
si c'est moi. — Si c'est t o i , j'ai l'avance , répliqua son adver-
saire ! à toi l'honneur.
— C'est en partie liée ; mais buvons un coup à sa santé, ajouta
le troisième, en montrant le garde étendu.
— A ta santé ! — et ils buvaient aussi tranquillement que s'ils
allaient faire une bonne Å“uvre.
— En tous c a s , ne me l'ébrêche pas : les gardes ont la tête
dure.
— Pas plus qu'un nœud de sapin.
— Tu en sais donc quelque chose ?
— Cœur.— Carreau.— Atout. —
   Jacques entendait tout cela. Et ce dialogue dans un patois
dont l'accentuation s'harmonisait avec cette funèbre scène finit
avec la partie décisive.