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 quelle manière on comprend la musique sacrée dans notre
 bonne ville et quels encouragements on prétend donner aux
 artistes qui voudraient tenter à ce sujet une réforme si dési-
 rable; je la raconte sans fiel et sans vouloir faire de récri-
 mination.
     Il y a environ un an , le directeur de la musique d'une de
 nos riches paroisses vint chez un de mes amis qui se dispo-
 sait à partir pour Paris, et lui fit promettre d'écrire spécia-
 lement pour sa société quelques morceaux de musique sa-
 crée ; son travail et sa peine seraient, dit-il, récompensés;
 aucun salaire ne fut donc déterminé.
     Arrivé à Paris, le jeune compositeur chercha quelques mo-
 dèles du genre religieux ; il consulta Mozart, Paleslrina,
 Benedetto Marcello ; ce dernier lui fournit un gracieux mo-
 tif, il paraphrasa cette pensée, et écrivit sous l'influence de
 ce maître trois partitions ; l'une d'elles fut, je crois, exécu-
 tée ; mais , avant de livrer les deux autres, un des amis de
l'auteur voulut prendre ses intérêts, et demanda quelles
 étaient les intentions de la société à cet égard... Je vous le
donne en cent, en mille, si vous voulez... Jamais vous ne
devinerez le prix auquel on taxa ses quinze jours de travail;
vraiment je ne puis encore y penser sans rire de ce rire inex-
tinguible dont parle Homère... On offrit quatre francs... qua-
tre francs!.. Que si quelque ame honnête prétendait que cela
n'est pas possible, et qu'à coup sûr je suis mal informé, je
n'aurais qu'un mot à répondre, c'est que le musicien dont il
est ici question, c'est moi...
   Au fond, tout cela ne prouve qu'une chose , ou la médio-
crité désespérante de ma musique > ou bien une bonhomie
charmante dans l'appréciation de mon œuvre.
   Quelques écrivains, plus experts que moi, ont écrit longue-
ment sur la musique, et ont démontré avec évidence qu'elle
influait d'une heureuse manière sur les mœurs du peuple.
  En adoplant celte idée comme une vérité incontestable,
que nous reste-t-il à désirer, si ce n'est de voir le goût de lÃ