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                                 1i
 poésies. Auguste Flandrin s'est emparé de celte délicieuse
inspiration. Une m è r e , assise au chevet de son fils m o r t ,
est consolée par la religion, ange aux ailes diaphanes ,
figure aérienne qui plane mystérieusement derrière la pauvre
f e m m e , et secoue sans doute sur sa douleur un parfum de
résignation et d'immortalité. Aux genoux de la m è r e , une
jeune fille ; tête de vierge pleine d'espérance et d'illusion,
épie avec amour les larmes d'un cœur brisé ; elle semble
lui dire : Moi, je le reste. Malheureusement pour le p e i n t r e ,
le poète a épuisé tout le charme d'un pareil sujet, et c'était
 une condition trop désavantageuse que d'arriver après lui.
€ o m m e p e i n t u r e , ce tableau est excellent ; comme pensée
r e n d u e , il laisse beaucoup à désirer : il n'y a ni doulenr, ni
résignation sur le visage de celte mère ; on y trouverait
plutôt l'expression du dédain , le mépris superbe des choses
de ce m o n d e , que les sanglots du désespoir ou le stoïcisme
 évangélique d'une ame chrétienne. L'enfant dort du sommeil
 é t e r n e l , toutes lés fibres du corps sont détendues, la mort
 s'est emparée de sa proie; mais les proportions du corps
 ne répondent pas à l'âge d'un enfant qui laisse une mère si
 jeune. Autrement d i t , les diverses parties de ce tableau man-
 quent de relations entre elles.
     j ' a i m e beaucoup le portrait de ce rapin en blouse. La foule
 passe devant sans trop s'y a r r ê t e r , parce que le peintre en
 a fait une chose simple et vraie. Quant au petit tableau des
 Baigneuses, il a pour moi beaucoup moins d'attrait. Cela me
 paraît dur et sec ; les têtes de femmes sont sans grâce.
     J'ai connu un choriste de l'Opéra qui avait dans sa voix
 deux notes magnifiques ; tout le reste était médiocre et inso-
 n o r e , mais ces deux notes avaient un éclat exlraodinaire.il
 resta toute sa vie simple choriste, et certainement fût devenu
 une des plus grandes célébrités de l'Opéra, si son mauvais
 destin n'avait limité à deux notes la sonorité de son organe.
 Tout compositeur qui ne ramenait pas souvent ces deux
 merveilleuses notes lui paraissait sans talent, et à force de