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 à côté de toutes les fables calomnieuses qu'on débite sur
 M. Charpentier, donner quelques faits honorables dont je ga-
 rantis l'authenticité.
    Cet homme était connu de tout Lyon, mais malheureue-
 ment peu de personnes le voyaient d'assez près pour appré-
 cier son caractère et ses bonnes qualités. Ses travers étaient
 sus de tous, ses vertus seules restaient ignorées.
    Ce n'est point à moi, étranger au barreau, à porter un juge-
 ment sur M. Charpentier comme avocat; mais sa réputation,
 son immense fortune, et surtout la déférence que lui ont
constamment témoignée ses collègues , ne le désignent-elles
pas comme un homme qui honora sa profession ? Ses amis
trouvaient en lui un conseiller dont les bons avis étaient tou-
jours désintéressés. Tous avaient recours à lui, tous se
louaient de ses procédés. Dès qu'une cause lui paraissait juste,
il en devenait l'opiniâtre défenseur. En pareille circonstance,
il se croyait responsable d'un revers. —J'avais un procès du-
quel dépendait la majeure partie de mon avoir, M. Charpen-
tier plaida pour moi. Ma partie adverse, condamnée en pre-
mière instance, interjeta appel, et s'appuya du talent de l'un
de nos avocats dont l'éloquence entraînante pouvait colorer
d'une apparence de justice une mauvaise cause. Redoutant
l'effet des plaisanteries dont mon défenseur était quelquefois
le b u t , je voulais remettre mes intérêts en d'autres mains.
— « Je ne m'en départirai point, dit-il, ta cause est juste,
j'en suis convaincu, et tu ne pourrais la perdre que par la
faute de ton avocat. Avec moi ta cause est gagnée , et c'est
moi seul qui perdrais si les juges se prononçaient contre elle.
Je suis responsable. «Heureusement mon procès fut gagné. Il
plaidait pour moi sans honoraires.
   M. Charpentier avait fait d'excellentes études. Il joignait à
beaucoup de tact et de jugement, un esprit cultivé et une pro-
digieuse mémoire. Sa tête était un vaste répertoire. Quand il
se trouvait avec des personnes qu'il ne connaissait pas, il
était très-réservé-, silencieux, avec les gens qu'il estimait peu;