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52 aux vents le pérystile d'un temple, au bas duquel la nymphe de la Saône dormait tranquille comme son onde. La boucherie Saint-Paul eût de bonne heure fermé ses étaux pour envoyer sa compagnie parée de cocardes blanc et rose, la coquette! avec drapeau rose et blanc, portant saint Paul, qui crie à son lion endormi : LÈVE-TOI! en mémoire de ce que ce quartier ne manque jamais à l'appel au jour du danger. Xes drapiers et les orfèvres de St-Nizier seraient venus sous leur étendard cramoisi et blanc gracieusement entouré d'une guirlande de fleurs ; la Grenette les eût suivis, la Grenette, regrettant ses beaux tournois, ses passes-d'armes et peut-être ses supplices, le bruit des chevaliers, les amours des pages et ses royales hôtelleries ; elle fût venue avec son enseigne bleu et blanc, d'où s'envole vers les deux un phénix renaissant... Phénix trompeur que le tien, pauvre rue Grenette, qui n'as plus que tes marchands de baraquéttes et tes tourneurs sur bois qui font des quilles et des boules. La riche compagnie des Terreaux n'eût pas manqué à la fête , avec ses marchands de soie, ses essayeurs, ses chan- geurs, ses passementiers ; elle eût déployé son enseigne élé- gante à deux coins rose et à deux coins violet, portant un lion qui garde une croix blanche avec cette devise : DOUX A SES AMIS, TERRIBLE A SES ENNEMIS ! Les métiers de la Grand'Côte n'eussent pas battu ce jour- là , car la compagnie fût descendue sous son étendart vert et blanc, où brille saint Sébastien , couronné de cette devise : TOUJOURS VAINQUEUR!... Pauvre Grand'Côte! malheureux saint Sébastien! votre gloire devait pâlir et votre devise cesser un jour d'être vraie... Le plus éloigné de tous , saint Georges, dont le courage a fait dire : brave comme un saint Georges, aurait montré sous le plumet ses jouteurs célèbres, ses mariniers har- dis , sa race intrépide des Mermet et des Fleury ; ils se fussent réunis, les uns au port Mouton , les autres sous