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d'assez graves défauts. L'orateur ne s'est pas rigoureusement
renfermé dans un si noble sujet ; des considérations étrangè-
res, des réflexions parasites se montrent cà et là , et la politi-
que vient y prendre beaucoup trop de place. Nous pourrions
contester à M. Gilardin plusieurs assertions, qui sont, en ef-
fet, très-contestables. Que nous possédions la liberté politique,
sous une charte qui est la plus haute expression du progrès auquel
la civilisation nous a amenés, voilà qui n'est pas admis de tout
le monde, et qu'il était inutile de jeter en avant. Les régimes
les plus despotiques se vantent aussi de donner la liberté ; en
93 , nous avions la liberté ; sous l'Empire, la liberté ; sous la
Restauration , la liberté ; en Sibérie , n'a-t-on pas la liberté ?
„, L'axiome suivant : Toute puissance vient de Dieu, nous a
toujours semblé très-respectable ; mais il n'est pas facile d'en
établir le sens précis , car , en un certain sens, tout vient de
Dieu, même la peste.
    Bacon pouvait bien dire que rechercher les motifs des lois
 c'est affaiblir leur puissance, mais on sait que Bacon , génie
si élevé , n'était qu'un vil et méprisable courtisan , qui rampa
 sous les ordres d'Elisabeth et de Jacques I e r , et qui trouva
 toujours des axiomes à leur usage.
    Un autre côté, qui nous reste à envisager , dans le Discours
 sur le Sentiment du Devoir , c'est le style de l'orateur. La po-
 sition et le caractère de M. Gilardin nous permettent de lui
soumettre quelques remarques. Son Discours se ressent de la
précipitation forcée avec laquelle il a été écrit, et il porte à
 notre langue des atteintes rudes et nombreuses. La première
phrase en est un exemple. Je viens ouvrir par la solennité-ac-
coutumée la reprise de vos travaux, dit l'orateur. Qu'est-ce
qu'ouvrir une reprise ? L'autorité du père de famille , est-il dit
dans un autre endroit, plie en nous les mystérieux ressorts de
notre obéissance ; plier n'est pas ici le mot propre. D'autres fois,
il se trouve des consonnances peu harmonieuses , comme
la suivante : On ne peut le dissimuler que si sous nos institutions ;
prononcez les mots : Que si sous, etc. D'autres fois, les ex-