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463 Lien, le médecin instruit, le littérateur distingué, dont la mort prématurée a fait éclater de si justes regrets. Jean-Marie Pichard naquit à Lyon, le 22 avril 1781 , d'une famille qui tenait un rang honorable dans le commer- ce de cette ville. Son p è r e , André Pichard, victime des troubles sanglants de notre première révolution, perdit la vie à cette époque aussi grande que désastreuse, où la vertu courait se précipiter sous le glaive de la loi. Il de- vait être un homme de bien et doué d'une ame peu com- mune celui qui, quelques heures avant sa m o r t , annon- çait ce moment fatal à son jeune fils, en lui adressant ses derniers conseils et ses adieux paternels dans la lettre courte et énergique que je transmets ici : « MON F I L S , « Ce sont les derniers adieux de ton p è r e , souviens- toi de sa mémoire, il fut laborieux, il dut les moyens qu'il avait acquis à son industrie ; souviens-toi que l'on n'a rien sans le travail; que l'on n'est estimé des hommes qu'autant qu'on est vertueux et juste ; que les premiers devoirs d'un fils sont l'amour et la reconnaissance envers ceux qui lui ont donné le jour. Eh ! qui doit plus que ta mère prétendre à ces sentiments de ta part ? Tâche d'ac- quérir les moyens de la secourir, de devenir son appui. " Aime ta sœur, donne-lui de ma part le dernier bai- ser ; hélas ! la mort de votre père n'a rien de déshono- rant pour vous; je meurs victime de la révolution, e t , j'ose le dire, avec l'estime de mes amis. « Adieu, mon fils, souviens-toi de ton père. « ANDRÉ PICHARD. » 29 novembre 1793.