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Lien, le médecin instruit, le littérateur distingué, dont
la mort prématurée a fait éclater de si justes regrets.
   Jean-Marie Pichard naquit à Lyon, le 22 avril 1781 ,
d'une famille qui tenait un rang honorable dans le commer-
 ce de cette ville. Son p è r e , André Pichard, victime des
troubles sanglants de notre première révolution, perdit
la vie à cette époque aussi grande que désastreuse, où la
vertu courait se précipiter sous le glaive de la loi. Il de-
vait être un homme de bien et doué d'une ame peu com-
 mune celui qui, quelques heures avant sa m o r t , annon-
 çait ce moment fatal à son jeune fils, en lui adressant ses
 derniers conseils et ses adieux paternels dans la lettre
 courte et énergique que je transmets ici :

        « MON F I L S ,

    « Ce sont les derniers adieux de ton p è r e , souviens-
toi de sa mémoire, il fut laborieux, il dut les moyens
qu'il avait acquis à son industrie ; souviens-toi que l'on
n'a rien sans le travail; que l'on n'est estimé des hommes
qu'autant qu'on est vertueux et juste ; que les premiers
devoirs d'un fils sont l'amour et la reconnaissance envers
ceux qui lui ont donné le jour. Eh ! qui doit plus que ta
 mère prétendre à ces sentiments de ta part ? Tâche d'ac-
 quérir les moyens de la secourir, de devenir son appui.
    " Aime ta sœur, donne-lui de ma part le dernier bai-
 ser ; hélas ! la mort de votre père n'a rien de déshono-
 rant pour vous; je meurs victime de la révolution, e t ,
 j'ose le dire, avec l'estime de mes amis.

    « Adieu, mon fils, souviens-toi de ton père.
                                 « ANDRÉ PICHARD.     »
     29 novembre 1793.