page suivante »
448 S'il en admet quelques-unes auprès de lui, c'est pour s'amuser de leurs folâtreries et de leurs gentillesses; mais il les a con- gédiées pour toujours depuis qu'il s'est aperçu qu'on lui en faisait un crime. Cependant, ajouta l'ambassadeur, quoique l'empereur ne soit complable de sa conduite qu'à Dieu seul, il est prêt à se justifier lui-même, et je me charge de l'engager à venir à Lyon , si l'on veut lui donner le loisir de s'y rendre. » Cette proposition, qui semblait d'autant plus naturelle , qu'Innocent IV avait lui-même sommé Frédéric de compa- raître au concile, produisit un effet extraordinaire sur le pontife ; il se leva b r u s q u e m e n t , et rompit la s é a n c e , en di^ sant : « Il n'en sera point ainsi! A peine échappé aux pièges qu'il m'a tendus, je saurai désormais les éviter ; sa présence en ces lieux serait le signal de ma fuite, car je ne me sens pas encore disposé au martyre ou à la prison (1). » Ainsi se termina la première session. Dans la seconde session , qui eut lieu le 5 juillet, plusieurs évêques prirent la parole contre Frédéric ; celui de Carinolla prétendit qu'il ne croyait ni à Dieu ni aux saints ; mais l'évê- que de Calvi se fit remarquer entre tous par sa violence ; après avoir exposé dans un discours plein d'emportement les nouveaux griefs que la cour de Rome avait e n c o r e , selon l u i , à reprocher à l'empereur, il ajouta qu'il voulait réduire l'église à l'indigence, sous le prétexte de la ramener à sa première simplicité ; il insista sur le prétendu sacrilège qu'il avait commis, en faisant attaquer la flotte des prélats qui se rendaient au concile convoqué par Grégoire IX, et en rete- nant prisonniers les deux cardinaux légats, ainsi qu'un grand nombre d'autres prélats de différentes nations. A peine Vévê- (1) Absit hoc ! timeo laqueos quos vix evasi ! si enim veniret, statim re- cédèrent ; non adhuc opto sanguinem nec me sentio aptum aut paratum mar- tyrio , vel custodtœ carcerali. MATHIEU PAKIS , Hist. Angl,