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rée, la stupeur gagna tous les habitants ; on se hâta de fuir et
 de chercher un abri non seulement dans lés villages environ-
 nants , dans les cités voisines, mais encore dans les provinces
 éloignées. Cette émigration soudaine effraya ceux qui en
 étaient témoins, et, quels que fussent le rang, les qualités et
 les richesses des voyageurs, on ne laissait pas de leur refuser
 l'entrée , ou parfois de les chasser à coups de pierre et de bâ-
 ton. Il y en eut qui moururent au milieu des champs ; quel-
ques autres , ne trouvant où se retirer , se jetèrent dans des
barques, et furent trois ou quatre mois à la merci du Rhône
et de la Saône,avec de minces provisions. Du moins, il y avait
pour eux moins d'inclémence dans les éléments que dans les
cœurs de leurs frères.
    Les deux premiers Religieux que l'Ordre des Capucins en-
voya au village de Taux furent les PP. Matthieu, d'Arnay-le-
Duc, et Matthieu, de la Chaise-Dieu. Leur départ eut quelque
chose de bien touchant dans sa pieuse simplicité. Après avoir
reçu la bénédiction du Provincial, ils firent une confession
générale , le 1 er août, furent ensuite présentés à l'archevêque,
paternellement bénis et embrassés par l u i , et rentrèrent dans
leurs cellules , pour prendre congé de leurs frères, . ce qu'ils
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firent avec tant d'édificalion , ayant premièrement demandé
pardon , la corde au cou , en plein réfectoire , à tous, et s'é-
tantdésappropriés de tout ce qu'ils pouvaient avoir à leur petit
usage entre les mains du supérieur, comme si pour lors c'eût
été la dernière heure de leur vie. » Ils partirent, la joie dans
le cœur, et reçurent bientôt la récompense de leur charité.
Le premier n'existait plus , au 19s jour du mois d'août ; le se-
cond mourut le 1 er septembre suivant.
   Le P. Michel-Ange consacre quelques chapitres de son livre
aux Religieux qui déployèrent le plus de constance et de zèle,
puis ensuite i! parle de ce que plusieurs d'entre eux firent à
Saint-Chamond, à Saint-Etienne, à Romans, à Tournon , à
Autun , à Grenoble , à Vienne , et en d'autres villes. Ce qui
se passait à Saint-Etienne fournit au P. Michel-Ange l'occasion