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315 vaille, que le critique cité plus haut adresse à ses confrères de département : « L'occasion de faire un feuilleton piquant est rare en province; et quand vient l'acteur de P a r i s , voici le feuilleton départemental qui s'apprête et qui s'endtmanche comme un pauvre hère qui va dîner en ville. Pour avoir le droit de faire un peu de critique offensive, il faut avoir Vu , il faut connaître. L'éloge est bien autrement facile. Le feuil- leton de département chante, l o u e , c é l è b r e , déifie. Cela va b i e n , cela donne l'air d'être passionné pour l'art; cela r é - pand sur le journal un parfum de haut patronage qui sied à merveille. » Il se peut que les journalistes de Bourg et de Saint-Etienne se reconnaissent dans un pareil portrait; mais la presse lyon- naise a prouvé que son goût était plus formé et ses connais- sances plus étendues que celles du Don Quichotte littéraire dépeint ici. Si elle a accordé des éloges sans restriction à Nourrit, à Bouffé et à M"6 Falcon , elle a su motiver ces élo- ges, et elle n'est point allée au delà de la vérité. Lhérie^ que nous avons en long temps i c i , a été mis par elle à la place qiii lui convenait. Elle n'a point parlé du tout de M. Albert, ot en cela elle a fait preuve de tact et de politesse. Si elle a comparé Nourrit à Talma , c'est qu'il j a , à part la distinc- tion des genres , une affinité frappante entre la manière du premier et celle du second , tous les deux ayant pris leurs modèles dans la nature, et ne cherchant à faire de l'effet que par un jeu simple et sans prétention. Mais la presse lyonnaise n'a pas eu la niaiserie d'établir un point de comparaison entre Bouffé et M me Albert. Celle-ci a certains gestes exagérés, certaines inflexions de Voix for- cées qu'elle reproduit identiquement et à satiété dans toutes les situations où elle a besoin d'appeler des applaudissements. Son jeu bien souvent jure avec le caractère du personnage qu'elle représente. Les exemples à citer ne nous m a n q u e - raient pas. Mais qui n'a pas été choqué de la hardiesse dépla- cée de son geslc , dans la Fiancée du Fleuve, lorsqu'elle dit