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   Et il étendait sa main sur cette belle qui pleurait sa
captivité, assise sur la terre nue.
   Nos Français étaient en joie „ et Faction d'Oger leur fit
jeter de grandes risées.—L'enfant choisit très-bien, disaient
plusieurs. — L'enfant choisit très-mal, disaient beaucoup
d'autres.
   Cependant la pauvre captive avait compris qu'elle était
échue en partage au jeune chevalier chrétien; et elle s'écria
en cachant avec désespoir sa belle tête dans ses mains : —
O ma mère ! ma mère !
   L'enfant Oger ne comprenait rien au langage sarrazinois,
mais la voix de son cœur lui traduisit fidèlement les paro-
les de sa prisonnière. Et lui aussi il pensa à sa mère, à sa
tendre mère qui l'avait laissé petit orphelin , pour être li-
vré par un père insensé à une méchante marâtre. Des lar-
mes de pitié coulèrent de ses yeux.
   — Et moi aussi } lui dit-il, j'étais naguères un pauvre
prisonnier captif sur une terre ennemie. Mais je le jure
par l'ame de ma mère qui me sourit du haut des cieux,
belle payenne, tu ne seras pour moi qu'une sœur chérie
jusqu'au jour où l'évangile de Dieu aura touché ton cœur.
 Mais le jour même du baptême tu deviendras devant les
saints autels mon épouse bien-aimée.
    La voix d'Oger fut si douce, si chaste, et si pleine de
 larmes, qu'elle aussi comprit sa pensée, et que dans son
 cœur elle se réjouit d'être fiancée au plus beau comme
 au meilleur des enfants des hommes.