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307 Et il étendait sa main sur cette belle qui pleurait sa captivité, assise sur la terre nue. Nos Français étaient en joie „ et Faction d'Oger leur fit jeter de grandes risées.—L'enfant choisit très-bien, disaient plusieurs. — L'enfant choisit très-mal, disaient beaucoup d'autres. Cependant la pauvre captive avait compris qu'elle était échue en partage au jeune chevalier chrétien; et elle s'écria en cachant avec désespoir sa belle tête dans ses mains : — O ma mère ! ma mère ! L'enfant Oger ne comprenait rien au langage sarrazinois, mais la voix de son cœur lui traduisit fidèlement les paro- les de sa prisonnière. Et lui aussi il pensa à sa mère, à sa tendre mère qui l'avait laissé petit orphelin , pour être li- vré par un père insensé à une méchante marâtre. Des lar- mes de pitié coulèrent de ses yeux. — Et moi aussi } lui dit-il, j'étais naguères un pauvre prisonnier captif sur une terre ennemie. Mais je le jure par l'ame de ma mère qui me sourit du haut des cieux, belle payenne, tu ne seras pour moi qu'une sœur chérie jusqu'au jour où l'évangile de Dieu aura touché ton cœur. Mais le jour même du baptême tu deviendras devant les saints autels mon épouse bien-aimée. La voix d'Oger fut si douce, si chaste, et si pleine de larmes, qu'elle aussi comprit sa pensée, et que dans son cœur elle se réjouit d'être fiancée au plus beau comme au meilleur des enfants des hommes.