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    Et les barons sarrazins répondirent :
    —-Il sera fait comme vous commanderez. Nul homme
au monde ne peut plus vous en empêcher désormais.
    Ils auraient bien mieux fait de se taire que de parler,
les noirs et détestables parjurés. Car l'enfant Oger a si
bien mené ses compagnons, que déjà ils sont sur les
payens. Oger arrive pendant qu'ils parlent encore de
Charlemagne et des Français, disant qu'ils les tueront
tous. Les payens ne s'en sont pas assez gardés ; et tout-à-
coup le cri de Monjoie retentit à leurs oreilles étonnées.
    Oger va frapper Fauceron, le puissant r o i , dont le
royaume est vers Capharnaum, C'était lui qui gardait le
bon archevêque de Rheims. Il lui perce l'écu, lui démaille
l'haubert; quelqu'arme qui le couvre, elle ne vaut pas
une châtaigne ; puis il lui coupe le cœur en deux tron-
çons dans sa large poitrine. Aucun des compagnons d'O-
ger ne veut lui céder en prouesse. Chacun s'en va frap-
per un ennemi dans la mêlée. Bientôt tous les barons
chrétiens tombés au pouvoir des mécréants sont délivrés
de la dure prison. Tous les payens ont revu l'oriflamme,
et ils sont saisis de terreur. Les Français l'ont revue aussi,
et déjà ils ont cessé de craindre.
    Sur une colline était le vieil empereur, triste et dolent,
colère et courroucé ; avec lui il avait cent chevaliers. Il
n'en est pas un qui n'ait l'écu percé, l'haubert troué, le
heaume faussé , le corps blessé, le cœur navré. Il entend
 les cris de Monjoie et le tumulte du combat, et aussitôt il
tourne de ce côté son visage sévère. 11 vit l'enseigne que
 tenait l'enfant Oger. Il étendit ses deux mains vers le ciel:
    — Grâces te soient dues, ô Seigneur, j'avais bien tort
  de blâmer Alori ; le noble duc est retourné au combat.
  Courons vite à son secours, car le besoin en est grand,