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rude encore. Oger s'arma des armes du marquis de Man-
toue , vêtit l'haubert, laça le heaume fourbi, n'oublia
pas surtout de prendre l'oriflamme de France. En même
temps le duc de Bénévent et les autres Lombards étaient
désarmés par les compagnons d'Oger à mesure qu'ils pé-
nétraient dans la ville. Mais pas un des enfants ne veut
combattre autrement qu'en seigneur suzerain, comme il
convient à leur haute naissance. Ils déchirent leurs blan-
ches chemises de lin et s'en font des bannières; puis tous
ils montent sur les chevaux de ceux qu'ils ont si honteu-
sement surpris et désarmés.
   L'enfant Oger marchait à leur tête, portant autour du
cou la rouge oriflamme, dont les glands d'or frappent ses
cuisses et flottent au loin derrière lui.
   Que faisaient alors l'empereur et les barons? Charle-
magne était abandonné de plusieurs, beaucoup d'autres
étaient morts ou prisonniers des mécréants. Nos Français
s'enfuyaient presque tous en désordre et en crainte. Ce-
pendant les payons célébraient déjà leur victoire. Turpin
et les autres captifs furent traînés , un carcan au cou, de-
vant Garaheut, fils de Gorsuble. Un chevalier sarrazin
reconnut le bon archevêque.
   — Voyez-vous bien, dit l'adorateur de Mahora, ce
vieux chenu barbu. C'est Turpin de Rheims, qui jamais
n'a rencontré deux fois le même ennemi dans la mêlée;
car pour attendre ses coups, il ne faut tenir guère à la vie.
II vous a tué beaucoup de votre parenté.
   Caraheut lui répond : vous allez savoir ce qu'il dira:
   — J'en ferai la vengeance que voici : Quand je serai
de retour à Babylone la grande , à mes chiens je le don-
nerai. Courage , amis , bientôt vous me couronnerez roi de
France, moi et mon père l'amiral, si la chose vous agt-ée.