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297 en risquant de s'exposer aux coups de la plus redoutable colère qui fût jamais. Au moment même où il livrait l'en- fant Oger à ses bourreaux, ce que le bon archevêque n'osait plus espérer, un nouveau prétexte, se présenta: et Oger, cette fois, allait être sauvé pour devenir bientôt la lumière du monde et l'appui le plus sûr du peuple chrétien. Du haut de la tour Magne, on apercevait dans la plaine maint bourg et maint village : plus vite qu'en un instant tous sont en feu. — Ce sont les payens^ dit l'archevêque, on les recon- naît, comme leur père Satan, à cette odeur de brûlé. Un cri d'alarme se fait entendre dans la plaine, bientôt suivi d'un bruit étrange et solennel. C'était le hennisse- ment des chevaux, les ordres des chefs, le cliquetis des armes, le résontiement des armures; c'était le tumulte d'un million d'hommes qui s'arment et s'encouragent au combat. Turpin ordonne aussitôt aux bourreaux de suspendre le supplice jusqu'après la fin de la bataille; car Charlemagne avait ordonné que toute l'armée vît mourir l'enfant Oger; et l'armée était trop occupée pour que cela fût possible. Cependant l'approche des Sarrazins était si imprévue? et leur attaque si prochaine, que le puissant empereur de France n'eut que le temps d'ordonner à chacun d'atten- dre l'ennemi dans le poste où il se trouvait, et de porter secours partout où besoin serait. Charlemagne ne pouvant prendre conseil de tous ses barons, dit au petit nombre de ceux qui l'entouraient en cet instant : — Barons, que me conseillez-vous? Parlez, Huon de Bordeaux, vous qui les avez tous vus et comptés, est-il possible de combattre avec quelque espérance ?