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294 Bientôt les Sarrazins, à forée d'éperon, furent aux portes de Rome. Mais Charlemagne les devança à force d'éperon, et s'y établit le premier. Tant sont nombreux les Français, que plus de la moitié ne put tenir dans Rome la grande. Voici venir un messager : ses vêtements sont couverts de poussière ; car il vient de loin le messager. Gaufroy, le fier Danois, est celui qui l'envoie à l'empereur. Il parle à Charlemagne : vous allez savoir ce qu'il dira : — Gaufroy, roi des Danois, a dit j, et ses paroles sont stables : Je défie l'empereur des Français, et je le regarde comme rien. L'hommage que tu attends de Gaufroy, lu ne l'auras jamais , puissant empereur; il veut vivre et mourir libre de toute sujétion, comme, avant ta venue, ont fait tous les autres rois ses ancêtres; et voici mon gage- Puis il jette aux pieds du trône impérial le gantelet de fer de Gaufroy. De la rage qu'il eut, Charlemagne grinça des dents. Il parle à ses écuyers : vous allez savoir ce qu'il dira : — Allez saisir l'enfant Oger, mon otage, le premier- né du traître Gaufroy, et qu'on le pende sur-le-champ au gibet le plus élevé de l'armée et sur la tour la plus haute de la ville. Quant à Gaufroy lui-même, bientôt je Fécraserai sous mes pieds, et comme d'une grappe foulée par le vigneron, j'en ferai du marc et du vin. Je le jure par cette barbe que n'ont jamais touchée ni le fer d'un bar- bier, ni la main injurieuse d'un vainqueur. Et de ses doigts il effleura complaisamment sa longue barbe blanche. Tous les Fiançais se dirent l'un à l'autre : Certes, ce sera une grande douleur pour nos femmes et pour nos