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291 lasserai jamais de combattre pour le salut du peuple et le signe de la croix. Continuons à résister avec courage, et peut-être un jour jouirons-nous de la douce paix, quand tous les payens seront morts. — Pour moi, s'écrie l'invincible Roland, jamais ce bras ne sera las de combattre. Tous les jours de ma vie, je ferai, s'il le faut, bonne guerre aux payens. Mais plaise à Dieu qu'il en reste après nous, mon oncle; que nos fils aient la noble joie de les vaincre à leur tour. —-Roland, lui dit le courtois Olivier, ne seras-tu donc jamais rassasié de carnage et de sang ? S'il est beau de vaincre pour la croix, il est bien doux aussi de vivre en paix dans ses heureux domaines. N'a-t-il pas un cœur de fer celui qui peut quitter, sans verser quelques larmes, une sœur, une mère, ou sa bien-aimée, que peut-être il ne reverra plus. Le bon archevêque Turpin parla à son tour; vous allez savoir ce qu'il dira : J'ai long-temps préféré à tout autre bruit le bruit des armes; mais je vieillis, hélas! et tous les ans l'armure de paladin me semble plus pesante et le repos plus doux. Mais puisqu'il m'a fallu quitter mon beau palais et mes celliers pleins du bon vin de France, pour aller combattre ces payens, ces fils de Satan, que Dieu confonde, je veux frapper de telle sorte dans la mêlée, que ceux que j'atteindrai ne me dérangeront plus. Roland fut le seul qui ne loua pas le discours du cou- rageux archevêque; car jamais il ne loua personne, si ce n'est son ami Olivier ; et s'il le loua deux fois,. il le blâma plus de six. Cependant le repas est fini, et les convives se lèvent . on enlève les Coupes d'or et les tables d'argent ; l'empe-