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bre des peuples de la terre. En même temps les fiers
Danois ont renié par félonie la foi chrétienne qu'ils
avaient acceptée par trahison.
   Aussi l'empereur Charles, dont la barbe est chenue,
avait mandé tous ses barons et tous leurs hommes. A cette
nouvelle, personne n'a voulu rester chez soi. Ils sont tous
arrivés, tous réunis. Ils veulent aller en Italie; ils veulent
sauver, s'il en temps encore, la capitale du saint empire
et de la sainte foi. « Quand finiront tous ces délais? quand
pourrons-nous frapper d'estoc et de taille? Veut-on déli-
bérer long-temps encore ? » Quand Charlemagne a su
cela, il leur a fait dire aussitôt : « Demain tous vous par-
tirez. » Car si jamais suzerain n'eut de. meilleurs vassaux,
jamais aussi vassaux n'eurent un meilleur suzerain.
   Ensuite Charlemagne s'en alla souper et les douze pairs
avec lui. Les douze vont s'asseoir à la table qui leur est
préparée. Tous mangent à la même table, tous mangent
du même pain. Non loin d'eux, sur une estrade élevée,
leur vieil empereur était assis, silencieux et triste. Des fils
de rois le servaient, et la couronne du monde était placée
sur sa tête blanchie par les ans. Les douze n'osaient par-
ler par courtoisie, et se taisaient par respect. Charlema-
gne s'en aperçoit, et juge qu'il est bon de plaire à ses
vassaux par des paroles amicales.
   — Eh bien! mes pairs, leur dit-il, vous qui mangez
mon pain, votre empereur ne doit-il donc reposer que
dans sa tombe? Toujours de grands combats, toujours des
guerres lointaines, et le saint empire toujours en péril.
Mais quelque soit le nombre et la rage de ces payens,
que Dieu confonde, jamais ils n'amolliront vos courages.
Et moi, votre empereur, bien que cent longues années
aient blanchi mes cheveux et desséché mes os, je ne me