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sortir de la ligne qu'il s'était tracée; il a fallu, en quelque
sorte, faire violence à sa modestie pour le déterminer à
accepter le titre d'honneur et de distinction qui lui était
offert. Enfin, vaincu par le respect qu'il portait à Mgr.
et le prix qu'il attachait à tout ce qui venait de sa Gran-
deur , il consentit à prendre possession de sou cano-
nicat honoraire; depuis lors, il redoubla de zèle et de
courage pour assister aux offices de l'église. 11 venait, mal-
gré son grand âge et ses infirmités habituelles, quelque-
fois de deux lieues, pour prendre part aux grandes so-
lennités de la métropole.
   Toutefois , M. de Servan ne jouit pas longtemps du titre
honorifique qui l'attachait au chapitre métropolitain de Sl-
Jean ; son âge avancé l'avertissait tous les jours de sa fin
prochaine ; aussi l'envisageait-il de près avec l'œil du phi-
losophe chrétien, c'est-à-dire, plein de défiance en lui-
même et plein de confiance en un Dieu miséricordieux. Ces
deux pensées combinées entretenaient dans son ame une
sorte de paix, de sérénité, de douceur qui se reflétait
dans tous ses traits, dans toutes ses paroles, dans l'en-
semble de sa vie.
   Chaque jour enlevait à M. de Servan un de ses sens;
il n'y a eu que son esprit et son cœur qui sont demeurés,
jusqu'à la dernière heure, ce qu'ils avaient toujours é t é ,
c'est-à-dire, pleins de droiture et de chaleur. Au milieu
de cette destruction successive et visible de son ê t r e , no-
tre pieux chanoine adorait avec résignation la main de
Dieu qui brisait, les uns après les autres, les liens qui
l'attachaient à la terre. Il se servait avec avantage de cette
défaillance de la nature pour s'élever de plus en plus vers
le Seigneur. Une fois pourtant son ame ne put contenir
 le sentiment de peine et d'amertume qui l'accablait, ce