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de la finesse de ses réparties , de la variété de ses connais-
sances, de la droiture de son jugement. Type d'une autre
époque qui s'éloigne de plus en plus de nos usages, il
était, en quelque sorte pour nous, le dernier rayon de
cette politesse exquise, de ces attentions délicates, de
cette courtoisie française , relevées dans le prêtre par un
air de dignité et de b o n t é , qui caractérisaient si bien nos
anciennes mœurs. On se pressait autour de lui comme
autour de la colonne du vieux temple „ restée debout à
travers mille ruines, sur lesquelles plusieurs générations
 ont écrit leur n o m , et qui redit encore les oracles des
siècles passés.
    Une des plus douces jouissances de ce prêtre vénérable,
jouissance qui décèle une belle ame et des sentiments bien
conformes à ceux de son divin maître, était d'initier les
enfants aux premiers éléments des sciences naturelles. Cet
homme que Bonaparte ne put déterminer à accepter une
chaire dans les facultés delà capitale, n'avait pas de plus
grand bonheur que d'expliquer aux petits enfants les princi-
paux phénomènes de la création. Qu'on aimait le voir don-
 ner des leçons à ses neveux et à ses nièces qui étaient pres-
 que toujours rassemblés autour de lui comme autour du
 patriarche de la famille, aux jeunes pensionnaires du Sacré
 Cœur de la Ferrandière et de la rue Boissac, aux élèves du
 séminaire de Saint-Jean... Il était alors plus radieux de joie
 et triomphant de satisfaction que lorsqu'il démontrait une
 découverte ou s'entretenait avec quelques savants de grandes
 combinaisons. On ne parle pas devant une académie avec
 plus d'intérêt et de précision que le faisait M. de Servandans
 ces petites conférences ; aucune expression obscure, aucun
  terme d'art, aucune démonstration compliquée, ne sortait
  de sa bouche. 11 savait, comme le pieux Gerson, se râpe-