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cularités avec une imagination toujours fraîche ; son narré
fin et spirituel devenait pittoresque comme les événe-
ments qu'il reproduisait ; c'était un espèce de panorama qui
faisait passer sous vos yeux avec un intérêt toujours crois-
sant les hommes et les choses de l'ancienne société. Dans
les longues soii-ées d'hyver ou bien après le moka des jours
de fête, il lisait, pour nous faire apprécier à leur juste
valeur certaines célébrités littéraires ou politiques qu'un
parti a exaltées outre mesure , les lettres autographes que
les coryphées de la philosophie avaient adressées à son
frère aîné dans le temps où ces Messieurs le caressaient,
afin de l'attacher à leurs idées. Cette lecture , outre l'a-
vantage qu'elle nous procurait de nous montrer les hom-
mes tels qu'ils Sont, c'est-à-dire, sans le masque de la
représentation et le prestige d'une renommée souvent
usui'pée, était pour nous un document de plus de la mau-
vaise foi et de la fourberie qu'on avait employées pour
séduire des hommes honorables et organiser mystérieu-
sement l'Å“uvre de la destruction.
   Peu de temps après son élection de domicile à Lyon ,
M. de Servan fut obligé de faire le voyage du midi. Son
frère aîné fixé à Saint-ïtemi, près Arles, était tombé dan-
gereusement malade : l'abbé voulut aller l'assister dans
ses derniers moments et recueillir son dernier soupir. En
mourant, l'avocat-général lui confia ses manuscrits , et lui
recommanda, si jamais on avait la pensée de les mettre
au jour, d'effacer tout ce qu'une saine critique trouverait
de blâmable , parce qu'avant tout il avait à cœur d'être
toujours connu comme un homme de bien.
   M. de Servan a parfaitement rempli les intentions de
son frère , lorsqu'il a donné , avec le concours de M. Des-
Portets, une édition, en cinq vol. in-8°, des principaux dis-