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dont la cour royale de Paris vient d'inaugurer récemment
la statue , à côté de celles des d'Aguesseau , des Montes-
quieu, et autres illustrations du barreau, dans la galerie
de nos grands magistrats ; le second fut Joseph de Servan,
sous-gouverneur des pages, ministre de la guerre , lieute-
nant-général des armées, vers les dernières années du rè-
gne de Louis X V I , qui crut, comme bien d'autres trom-
pés par les prédicants d'un régime sans abus, résister au
torrent de la révolution en lui sacrifiant quelques formes
qui ne sont point inhérentes au principe de la monarchie.
     Plus jeune que ses deux frères , M. Michel de Ser-
v a n , celui que la mort vient d'enlever à des parents
et à des amis qui chaque jour se pressaient de plus en
plus autour de lui, parce que chaque jour leur faisait ap-
précier davantage les grâces de son esprit, les beautés de
son ame, la sensibilité de son cœur, suivit une carrière,
sinon plus brillante aux yeux du monde } du moins plus
rassurante pour l'avenir de l'homme.
    A l'âge de seize ans, il entra dans l'ordre des Anto-
n i n s , dont la maison principale était située entre Saint-
Marcellin et Romans, résidence ordinaire de sa famille (1).

   (1) Cet ordre fut fondé en 1093, sous le pontificat d'Urbain II, pour le
soulagement de ceux qui étaient atteints d'une maladie, assez commune à
cette époque , que l'on appelait vulgairement le Feu sacre. Cette maladie ,
inconnue à la médecine de ce temps comme le choléra l'est à celle de nos
jours, desséchait ou faisait tomber en putréfaction tout ce qu'elle frappait.
Le peuple plein de foi et conduit par sa piété eut recours à saint Antoine, à
celui dont le seul nom , dit saint Athanase, mettait les démons en fuite, et que
Dieu avait donné à l'Egypte comme un souverain médecin , pour obtenir sa
protection contre le fléau dévastateur. On vint surtout en pèlerinage au
bourg de Saint-Didier-la-Mothe , aujourd'hui Saint-Antoine, entre Saint-Mar-
celin et Romans ; Jocelln , puissant seigneur de la contrée , avait déposé dans
l'église de ce lieu le corps du patriarche de la vie érémitique , qu'il avait ap-