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seul de ce dernier corps n'a pu encore être imité. Les bou-
gies de ce genre, affublées des noms bizarres de bougies à
l'étoile, au soleil, à la lune, de bougies du phénix, plus ratio-
nellement appelées bougies stéariques> brûlent comme celles
faites avec de la cire, sans secours de mouchettes, sans fu-
mée, après qu'on les a éteintes. Quand elles sont bien pré-
parées , elles ressemblent tellement aux bougies véritables ,
que le consommateur s'y méprend nécessairement ; mais à
un œil exercé, il n'échappe pas certain caractère de translu-
cidité, de malléabilité et de saveur qui maintient encore entre
les deux une ligne de démarcation. Elle tend de jour en jour
à disparaître, si bien que le commerce de la cire disparaît
insensiblement sous les envahissements de l'acide stéari-
que(l).
   M. Lassale, cirier à Vaise, s'apercevant, comme tous ses
confrères, du ralentissement progressif et effrayant des af-
faires causé par la nouvelle matière, résolut de se la rendre
à profit plutôt qu'à perte. Il se rend à Paris, travaille en sim-
ple ouvrier dans les ateliers où la bougie nouvelle se con-
fectionne , observe tous les détails de fabrication , puis re-
vient créer à Lyon un établissement du même genre. Depuis
six mois, ses produits circulent dans le commerce avec la
même faveur que ceux de la capitale. Bien plus, il a réalisé
un perfectionnement qui rend sa mèche supérieure à celle
des bougies stéariques de Paris.
    Je voudrais pouvoir décrire en détail et avec clarté le pro-
 cédé de fabrication que suit M. Lassale ; mais on compren-
dra le motif de mes réticences. Dans quelque temps la plus
grande publicité pourra éclairer ce travail industriel, mais
il faut laisser auparavant à M, Lassale le temps de s'in-
demniser convenablement des sacrifices de tout genre qu'il
 s'est imposés pour arriver au point où il en est maintenant.

  (1) La bougie vraie vaut de 2 fr. 50 c. à 3fr. la livre ; la bougie imitée se
donne à 2 fr. et même à 1 fr. 50.