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183 ver un grand soulagement, car la vapeur de l'eau avait échauffé l'air- au point d'en perdre la respiration. Pen- dant que nous nous efforcions de combattre l'effet de cette épouvantable fournaise en nous mouillant d'eau froide la tête et les mains, les sœurs de Mustapha se fai- saient frotter de pâtes, d'essences, de cosmétiques de tous les genres, et ne paraissaient nullement incommodées. Avant de reprendre nos vêtements, qu'on parfuma avec de la fumée d'aloès, une jolie esclave noire nous inonda, c'est le mot, d'une pluie d'eau de roses qui fut pour nous un véritable bienfait. Nous revînmes dans la première cour, M^e de Bau.... et moi rouges comme des homars, et souffrant d'un mal de tête qui ne nous disposait guère à fait honneur à la quan- tité de fruits, déconfitures, etc. etc. etc. étalés sur le tapis; pendant la collation Mollah, Moun et les femmes que nous avions vues en arrivant ne cessèrent de parler et presque toujours toutes à la fois. On ne saurait sans l'avoir enten- du se faire une idée de la monotomie de cette langue dont tous les mots modulés sur le même ton' semblent une repétion continuelle des mêmes sons ; quelques gestes assez bisarres venaient de temps en temps aider au discours dont rien n'accélérait ni ne diminuait le mouvement. Pendant notre séjour à Alger il s'établit une grande intimité entre les sœurs de Mustapha et nous, grâce à leur éducation à demi-européenne et à l'esprit éclairé de leur frère; elles s'habituèrent à se montrer à nous à visage dé- couvert quand nous étions seules, mais rien ne pût les décider à lever leurs voiles devant nos amis. Ces usages, ces préjugés qui ont traversés des siècles résisteront-ils à l'influence de notre voisinage ? une fusion se fera-t-elle entre les mœurs, les habitudes, de ce peuple et les nôtres?