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pleur de leurs vêtements. Après maints détours dans des
rues tellement étroites et sinueuses qu'on les aurait crues
sans issue, nous arrivâmes à une maison où, à l'exception
d'une petite porte en ogive, aucune ouverture ne donnait
sur la r u e ; une esclave ayant frappé d'une manière par-
ticulière-avec un morceau de fer enchaîné au m u r , la
porte s'ouvrit comme d'elle - même, et nous nous trou-
vâmes dans un corridor obscur qui nous conduisit à une
cour semblable à toutes celles que nous connaissions déjà.
Il y eut un instant de pourparler entre nos introducteurs
et quelques femmes accroupies sur le divan; nous com-
primes sans peine que nous étions l'objet de la discussion,
dont le résultat fut apparemment notre admission, car
l'une d'elles se leva, vint nous prendre par la main, et
nous fit entrer dans une grande pièce ne recevant de jour
que par en haut, et ressemblant encore à celle que nous
venions de quitter. Là, pour la première fois, les voiles
se levèrent enfin, et nous pûmes admirer les charmantes
figures de Mollah et de^Moun. Quoi qu'on ait dît de l'u-
sage où sont les Mauresques de se teindre le tour des
yeux avec le suc du héné ( 1 ) , cette étrangeté est loin
 d'être aussi choquante qu'on le croirait d'abord. Ne cher-
chant point à imiter un don refusé par la n a t u r e , cette
habitude originale n'est pas sans charme ; du moins elle
 nous parut telle chez Mollah et Moun, dont les longs yeux
 d'un noir orangé étaient ravissants malgré et peut-être à
 cause des cercles simétriquement dessinés qui les entou-
 raient ; un teint éblouissant de fraîcheur, une abondante


   (1) Cette plante, qui lient tant de place dans la toilette des femmes de
l'Orient, donne une poudre verte qui devient rouge aussitôt qu'on l'applique
mouillée sur la peau ou sur les chevmn.