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177 à ses sœurs eu quoi consistait cette danse magique qui avait fait le tour de l'Europe comme une épidémie; en un clin d'œil les coussins furent jetés au loin, et un ré- gulier galop circula autour du divan. Mustapha, que nous avions vu en Provence se prêter à nos usages avec tant de complaisance, qui avait consenti à laisser faire son portrait pour nos albums, qui buvait du vin de Cham- pagne, et dansait intrépidement aux déjeuners dansants de M. de Bau... toutes choses regardées comme autant d'infractions aux lois du Coran, reiusa de prendre part à notre bal improvisé; sans doute il ne voulut pas de- vant ses sœurs braver le préjugé qui ne permet qu'aux Aimées ou aux Bayadères payées pour amuser les loisirs des riches, de se livrer à cet exercice; il resta assis sur ses coussins, lâchant gravement la fumée de sa chibouque, en suivant de l'œil et du geste la musique et les danseurs. La journée s'avançait; Mustapha nous offrit de monter sur la terrasse, dont la vue s'étendait sur les environs de la ville et sur la ville elle-même ; un bel escalier de mar- bre blanc nous conduisit jusqu'à la première galerie, où une porte à deux battants curieusement travaillée ouvrait l'appartement de Moun et Mollah, qui nous permirent de le visiter ; nous y trouvâmes le luxe, rare dans le pays, de deux petits lits d'acajou, recouverts de riches étoffes du Levant; une jolie natte de roseau couvrait le plan- cher, et entre deux glaces d'une grande dimension, fai- sant face aux deux lits, une fort belle pendule anglaise était suspendue au mur, dont le bas était revêtu de car- reaux de faïence. De l'autre côté de la galerie se trouvait l'appartement de Mustapha, meublé comme celui de ses sœurs. Une grande armoire, servant de bibliothèque, renfermait des livres publiés récemment en France et en