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152 n'oublia rien pour prendre des éclaircissements etdes lumières sur cette affaire. M. le Prévôt des marchands entendit plusieurs plaignants des mauvais traitements qu'ils avaient reçus à la p o r t e ; tout s'élevait contre Thomas Michel, sergent, sur- nommé Belair^ qui commandait ce jour-là cette p o r t e , en l'absence des officiers , ce qui donna lieu d'envoyer un exprès au sieur auditeur du camp pour en venir informer; mais comme les plaintes augmentèrent, que le peuple demandait justice , qu'on ne pouvait la lui donner assez prompte , et que l'on craignait que Belair ne prît la fuite, il fut résolu que l'on renverrait cette affaire à la justice ordinaire, sans consé- quence pour la juridiction militaire, atlendu l'absence de l'au- diteur de c a m p , et que le cas était d'une nature presque indi- gne d'être portée au conseil de g u e r r e , q u o i q u e , par la qua- lité de l'accusé et de ses fonctions, il fût entièrement de sa compétance. M. le Prévôt des marchands rendit son ordon- nance le treize du m ê m e mois d'octobre ; il fit garder à vue le sergent pendant toute la j o u r n é e , et le fit arrêter ensuite par le Major, entre onze heures et minuit, pour éviter un nouveau désordre que le ressentiment du peuple justement irrité aurait pu produire. Belair fut le seul a r r ê t é , parce qu'il devait répondre de tout ce qui s'était passé dans son corps- de-garde et de la mauvaise conduite des concussions , et des vexations des soldats qu'il commandait; celle ordonnance fut remise au greffe du Présidial; ce malheureux fut conduit dans les prisons de Roanne , son procès fut fait et parfait par les officiers de îa justice ordinaire ; en conséquence du renvoi ci- dessus, le cas fut déclaré présidial par le jugement de compé- tance du dix-sept dudit mois d'octobre, et il fut condamné le vingt-un à être rompu vif, à une amande de cinq cents livres au roi.,..et à au moins deux cents livres pour faire prier Dieu pour le repos des âmes de ceux qui moururent dans celte triste journée ; il fut exécuté vif sur la place des Terreaux, et son corps fut porté sur la roue et exposé au delà du pool du Rhône , sur le bord de ce fleuve. Ce malheureux mourut avec