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 sanglantes dépouilles. Et si la science vient leur mettre ui
 prix, elles passeront des mains du bourreau sur la table de
 dissection , et plus tard les eaux de nos rivières en rouleront
 les informes débris. Tout sera dit alors. Eh ! bien, du temps des
 Pénitents, les chirurgiens, auxquels il était permis de disséquer
 les corps des suppliciés , étaient obligés d'en rapporter les
 morceaux afin qu'ils fussent enterrés et de faire célébrer,
 en outre, un service ou dire des prières pour le repos des
 âmes de ces malheureux.
   Dans un sentiment plein d'une douce commisération envers
 les criminels, on avait coutume , pour désigner leur mort
 infamante, d'employer cette locution ; Mort à Saint-Pierre et
 enterré à la Platière. Et cela parceque la place des Terreaux,
 où avait lieu le supplice, appartenait à la paroisse Saint-Pierre,
 et que la chapelle de la Miséricorde, où se faisait l'inhumation,
 se trouvait sur la paroisse de Notre-Dame de la Platière. La
 religion , qui aime et pardonne, avait passé par là. On sent
ici sa pieuse et douce influence, influence bien plus grande
- pour prévenir le crime que tout le hideux et sanglant spectacle
offert à la foule au jour d'une exécution ! L'échafaud n'a jamais
•été et ne sera iamais un moral enseignement. C'est un aliment
jeté à l'active curiosité du peuple, à son incessant besoin
d'émotions.
   La compagnie de la Miséricorde restait chargée du soin
d'aller enlever les soldats fusillés d'après les condamnations
des conseils de guerre.
   Ce n'était point par esprit de pénitence que Messieurs les
Confrères agissaient ainsi, mais c'était dans un but tout de