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chaux vive qu'il faudrait aux nombreuses victimes qu'elle allait
immoler. La chapelle devint donc alors une solitude. Plus
tard la République y établit tour à tour ses écuries et ses
magasins de fourrage ; puis , sous la Restauration, l'amour de
l'argent transforma cette enceinte en entrepôt de marchandises;
et voilà par quelles étranges métamorphoses a passé la pieuse
chapelle de nos pères, voilà comment elle a perdu sa primitive
destination.
  Si l'ame qui avait vivifié ce saint lieu était absente , le
corps du moins restait comme pour en attester le passage
et lui servir de tombeau. Ce tombeau , c'était pour nous un
vivant témoignage de piété, d'abnégation et de dévouement
que nous avaient légué nos aïeux. C'était pour nous un
enseignement de chaque jour, car les monuments sont les
mausolées des générations éteintes. Et si une tombe nous
révèle une vie , que de vies un monument ne nous rappelle-t-il
pas , dans l'histoire d'une cité?
  A présent donc, ne cherchons plus ailleurs que dans nos
souvenirs la chapelle des Pénitents de la Miséricorde. Elle
a disparu pour nous, avec l'année 1835. Son humble et
pittoresque façade ne viendra plus raviver en notre pensée
une époque riche de foi et de charité. La pioche du démolisseur
a fait tomber une à une les pierres de cet asyle miséricordieux.
L'avide spéculation des hommes a creusé bien avant la terre,
pour asseoir , sur de plus solides bases , l'édifice qu'elle
s'élevait, puis a jeté, pêle-mêle , dans le même tombereau ,
les ossements des suppliciés et des pénitents, déterrés dans
les caveaux de la sainte chapelle. Et maintenant, sur la




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