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502 cément de la grotte, entre les roches pointues qui la ser- pentent à fleur d'eau, tandis que ceux qui restent sur le bord, vous regardant fuir à la clarté bleuâtre des torches représen- tées sur l'onde à larges éclairs , s'imaginent assister au pas- sage de la barque infernale , conduite par Caron , et prennent les voyageurs blêmes, tournoyant sous ces voûtes obscures, pour les âmes qu'il entraîne d'un monde à l'autre. Mon esprit, écrasé de son néant dans ces grandes ruines de cataclysmes, se railla lui-même par ces vers écrits à la suite d'une nomenclature éphémère, comme ceux gravés sur les stallactites où les visiteurs impriment leurs noms , armoiries de notes pompeuses : Une mer, en passant sous ces arches profondes, Laissa pour sourenir ces gouffres et ces ondes : L'homme , dont le flambeau dans tout abîme a lui, Passe en vain sous ces rocs : rien ne reste de lui. Et ces Ters que ma main cisèle sur la pierre , Sous la pluie Ou le temps bientôt s'effaceront. Qui de nous tombera le plus vite en poussière : Ou des rers du cercueil ou de ceux de mon front ? Le soleil touchait à son déclin. Nous remontâmes le fleuve sur la rive gauche , jusqu'à la cascade formée en son lit , vul- gairement appelée Saut du Rhône ; et nos pensées, tourbil- lonnant avec son écume, s'abattirent sur les cônes anguleux d'un caslel parallèle à celui de Yertrieux, que l'approche des ténèbres nous empêcha d'explorer. Nous prîmes la pre- mière patache qui se dirigeait vers Lyon. A peine y étions- nous , que mon ami, interrompant ma méditation plongée dans les vapeurs du crépuscule, me montra, par la portière, )e fou assis sur une borne de la route , toujours fixe etétin- celant. Il ne parut point nous reconnaître, malgré nos signes d'adieu. Par quel hasard symbolique , ou par quel instinct ennemi se dressait-il partout sur notre roule , comme l'ombre vivante