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de lilas pâle , en nageant dans une riche atmosphère. Cet
astre venait de frapper de ses derniers faisceaux lumineux
le point que j'occupais.
    Les ombres de la nuit commençaient à remonter de la
Saône , à gravir les hauteurs qui la tiennent resserrée, à voi-
ler les sommets les plus élevés. La lassitude , l'exercice d'une
longue promenade , avaient un peu abattu mes forces ; je
m'étais assis , et m'abandonnais à mes réflexions.
    On comprend comment ceux qui visitent ce point élevé
sentent l'éblouissement qui passe des yeux à l'amc, éprouvent
tout ce qui peut frapper l'esprit et l'imagination , tout ce qui
peut faire penser et r ê v e r , lorsque le soir, par un clair de
lune splendide qui se réverbère sur Lyon et ses campagnes ,
et jusque sur les lignes blanches des neiges éternelles des
Alpes, le spectateur s'assied sous l'un des arbres qui abritent
l'hermitage du Mont-Cindre, il se croirait alors à cent lieues
du monde , si les bruits tumultueux et confus de L y o n , ne
venaient retentir sous le toit paisible de cet h e r m i l a g e , et
mourir dans les rameaux frémissants des arbres de la colline.
Tous ces bruits ressemblent tantôt aux derniers cris des nations
expirantes ou au dernier murmure d'une grande c i t é , tantôt
à la voix des grandes mers ou au bruissement d'une ruche
trop pleine ; ils se confondent par instant dans un seul bour-
donnement sourd et indécis. Si vous vous tournez alors vers le
 ciel,àl'aspectd'ime de ces belles nuits, vous sentez se réveiller
 en vous les sentiments tendres et les souvenirs affectueux.
 « Rien n'est plus propre à vous consoler des peines de la vie
 « que la vue de celte multitude de mondes , de celle poussière
 « d étoiles , semée dans l'étendue du firmament ; en présence
 « de cette immensité , quel homme n'a pas senti le néant des
 « choses humaines? quel homme n'a pas oublié les empires
 « et leurs révolutions! à force de contempler ces beaux ta-
 ct bleaux , j'ai pu reconnaître qu'ils fortifient loules les passions
 « généreuses et qu'ils affaiblissent toutes les autres. Je ne crois
 « p a s que l'avarice, l'égoïsme , l'ambition aient jamais re-