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les maîtres étaient d'une condition honorable et jouissaient
d'une grande considération ; ils étaient affranchis de toute
imposition personnelle, de même que les teinturiers en pour-
p r e . Benjamin de Tudele s'extasiait, à cette é p o q u e , sur les
richesses de Byzance , dont les hautes tours étaient remplies
de soie, de pourpre e t d'or.
Au XII e siècle, la Grèce était le seul pays d'Europe qui eut
des ateliers de tissage pour les étoffes de soie. Vers l'an 1130,
Roger, roi de Sicile , revenant de l'expédition des Croisades
en terre sainte, fil la conquête du Péloponèse. Il emmena,
avec l u i , d'Athènes et de Corinthe, des ouvriers en étoffes,
de soie, pour en établir des fabriques dans ses états , et sur*
tout à Palerme et à Messine ; il fit planter des mûriers à Reggio
en Calabre, et y fit élever des vers à soie qui prospérèrent
si b i e n , que cette industrie se répandit bientôt dans le
royaume de N a p l e s ( l ) . Les Maures, qui occupaient l'Espa-
gne , y établirent aussi des fabriques. Grenade, Almeric et
Lisbonne, devinrent célèbres par leurs manufactures, et sur-
tout par les étoffes appelées grenadines. On disait d'Almeric;
In sericorum pannorum opificio prœnobilis.
Palerme, au rapport de Falcandus ( 2 ) , était renommée
pour ses étoffes façonnées à fleurs et dorures. Un géographe
nubien , qui voyageait en E u r o p e , vers la fin du XII e siècle,
comptait dans le seul royaume de Jaën 600 villes ou bourgs
qui avaient des filatures etdes manufactures de soie. Dans une
notice, publiée sur l'histoire de L é o n , diacre, on voit que
sous le règne d'Isaac Comriène il y avait à Conslantinople des
étoffes de soie de Grenade d'une grande beauté (3).
Dans le XIII e siècle, la France v i t , pour la première fois,
des étoffes de soie. Les dames de Marseille en portèrent des
robes ; mais dans le siècle suivant, l'usage en fut prohibé
(1) Otto frisengen gesta frederici. Muralovi aunali d'Italiaj, t. IX.
(2) Scriptores rerum itali., t. V.
(3) Alex. Laborde. itinéraire descript, de l'Espagtie.