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82 cultes, la liberté c o r p o r e l l e , il faut convenir aussi qu'on lui laissait tout l'exercice de son intelligence. Dès lors ceux que les droits seigneuriaux n'avaient pas tout-à -fait abrutis osèrent lever la tête, bien humblement sans d o u t e , e t , p r o - tégés par les franchises qu'ils devaient à leur patience et à leur obstination, ils se livrèrent aux arts, et exhalèrent, par de prodigieux monuments de tout genre, le profond, l'intime sentiment qui les possédait. Corporations , jurandes , m u n i - cipalités , telles furent les digues que le génie opposa pen- dant dix siècles aux envahissements successifs de l'aristocratie ignorante et brutale. Tout ce qui est art au moyen-âge part delà . D'un autre côté, le serf abruti acquérait en énergie ce qu'il perdait en rectitude, en délicatesse. D'honnête et simple journalier qu'il était d'abord, descendu bien vite au rôle cruel d'esclave ; constamment repoussé dans son néant par ses m a î t r e s , maltraité par le premier venu , honni et conspué par tout noble ou affranchi, il se replia violemment sur lui- m ê m e , et amassa contre tout supérieur ce besoin de ven- geance, ces trésors de haine, cette rage d'anéantissement que nos époques froides et sans sel ne comprennent ni n'osent croire. Les artistes, privilégiés anonymes qui vivaient paral- lèlement aux serfs, soutenaient de leur côté par d'incroya - blés élans d'imagination l'oppression matérielle de leurs frè- res , 3t léguaient à la postérité ces m o n u m e n t s , emblèmes de leur situation, de leur p a s s é , de leurs espérances. Le ré- gime du sabre, loin d'anéantir le goût du beau et l'amour des a r t s , me paraît donc l'avoir singulièrement excité : du m o i n s , il est certain que nous devons à ce barbare moyen- âge les plus nobles faits d'armes , les plus admirables dévoû- m e a t s , les plus grandes idées, les pensées les plus fories, en un m o t , qu'en puisse trouver dans les siècles passés. Plus tard la renaissance amena le goût des études. De là le doute, de là l'incertitude , parce que de l à la réflexion. Epoque de réaction de la part des populations, mais de résis_